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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/69

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L’HISTOIRE ET LES HISTORIENS DE L’ITALIE.

gré la vigueur de la défense, la ville, abandonnée de tout le monde, succomba. Le vainqueur viola la capitulation, fit abattre les maisons, tomber les têtes, pilla l’argenterie de la commune, et, comme dit M. Fabretti, « il ne resta rien au peuple de tout ce qu’on lui avait promis que l’absolution des censures ecclésiastiques. »

Il n’y a pas dans toute la collection de l’Archivio un volume plus intéressant que celui qui concerne l’histoire de Naples sous la domination des vice-rois espagnols. C’est l’histoire d’un odieux gouvernement, et le savant éditeur de ce volume, M. Palermo, ne cherche pas à atténuer l’horreur qu’un tel gouvernement inspire. Nul volume n’est empreint d’une détestation plus sincère du despotisme : elle se montre presque à chaque ligne dans la préface et les notes de M. Palermo, et, chose remarquable, c’est en tête de ce même volume que se lit l’arrêté du grand-duc de Toscane qui souscrit pour cent exemplaires des Archives. Le tout est à la date de 1846, à cette époque où le souverain de la Toscane marchait dans la voie libérale qui devait le conduire à accorder librement et avant les événemens de 1848 une constitution, ce statuto qu’après ces événemens, après qu’il avait eu la fortune unique et méritée d’être rappelé spontanément par son peuple, il avait promis de rétablir, et que, malheureusement pour la Toscane, — j’ajoute avec une respectueuse douleur, malheureusement pour lui-même, — il n’a pas encore rétabli.

Le volume sur Naples commence par une vie de Pierre de Tolède, vice-roi de Naples. C’est un panégyrique dans l’intention de l’auteur ; mais, quoi qu’il fasse, à travers l’adulation perce la vérité, et l’oppression du peuple napolitain se montre à chaque page de la complaisante biographie. Ce vice-roi veut rétablir un impôt ; un citoyen nommé Fucillo se prononce contre légalement, car la ville avait des représentans qui, réunis en assemblées (seggi, piazze), devaient sanctionner l’établissement des impôts. Fucillo est mis en prison et pendu. Le biographe ajoute : « Et cela fait, l’impôt fut établi sans contradiction. »

M. Palermo n’a pas de peine à montrer combien était générale à Naples l’exécration de la tyrannie espagnole, et combien elle était juste. Il en trouve la preuve dans ce que rapporte l’apologiste du vice-roi. Le savant éditeur reproche avec raison à Giannone, l’historien philosophe, d’avoir été l’écho de cette servile apologie, d’en avoir même copié des phrases sans citer l’auteur. Giannone vante le zèle de Pierre de Tolède pour l’établissement de la justice, justice barbare qui faisait par exemple mettre à mort un jeune homme trouvé sur le balcon d’une dame, parce qu’il était porteur d’une échelle de corde. M. Palermo demande si c’était travailler à l’établissement de la justice que de vouloir établir à Naples l’inquisition.