chercher un asile dans le Nouveau-Monde. C’était un Juif, nommé Joseph Jonas, qui alla s’établir à Cincinnati. La ville contenait alors six mille habitans, mais pas un Juif. Aujourd’hui un assez grand nombre de familles juives florissent à Cincinnati, où elles ont fondé une synagogue.
Plusieurs Juifs portugais, quelque temps après la découverte de l’Amérique, émigrèrent au Brésil et le nombre s’en accrut par suite de leur proscription de la Péninsule. Aussitôt que les Hollandais de vinrent les maîtres de cette riche contrée, beaucoup de Juifs des Pays-Bas se rendirent aussi sur le théâtre de la conquête. L’abbé Raynal attribue en grande partie à leur industrie agricole la fertilité qui enrichit alors cette terre équatoriale ; l’industrie de la taille du diamant paraît dater de cette époque pour Amsterdam. Lorsque les Portugais reprirent le Brésil, les Israélites se réfugièrent soit sur les Antilles hollandaises ou anglaises, soit en Hollande. David Nassi et quelques autres Juifs portugais, qui étaient revenus du Brésil dans les Pays-Bas, obtinrent de la compagnie hollandaise des Indes-Occidentales une charte pour établir une colonie à Cayenne. Des familles israélites d’Amsterdam, de Livourne et d’autres villes de l’Europe s’y transportèrent. Elles jetèrent les bases de la colonie de Surinam, où elles continuèrent d’exploiter la terre. On voit que partout où les circonstances se montrent favorables et où les Juifs jouissent des mêmes avantages que les autres hommes, ils s’attachent volontiers à l’agriculture et aux arts utiles. S’ils n’ont point manifesté les mêmes aptitudes dans l’ancien monde, c’est que la loi les réduisait à l’état de voyageurs. Ils prospérèrent grandement à Surinam, où ils surent même défendre la colonie contre une escadre de Louis XIV. Les Juifs de Surinam comptaient à Amsterdam un nombre considérable d’agences commerciales. Toute cette grandeur a disparu depuis la guerre contre l’Angleterre en 1780, guerre courte, mais désastreuse pour la Néerlande.
Aux États-Unis d’Amérique, les Juifs sont admissibles à tous les emplois et à toutes les charges publiques. Un assez grand nombre d’entre eux figurent dans les tribunaux, dans l’administration des villes, dans le congrès[1]. Une constitution qui place les cultes en dehors de l’état et Dieu dans la conscience, une terre qui s’offre par tout d’elle-même à la main laborieuse de l’homme, la nature élevant toutes les sectes à la contemplation du vrai et du beau, ces avantages inspirèrent, il y a quelques années, à un Juif l’idée de fonder dans le Nouveau-Monde un état israélite. Cette proposition émut au plus
- ↑ On peut consulter un organe israélite, Jewish Advocate Occidental and American, publié à Philadelphie, et qui donne de curieux renseignemens sur la condition des Juifs dans les États-Unis.