mais on peut lire, page IX du même document, que les colonies, l’Algérie comprise, ne figurent dans notre commerce extérieur que pour une proportion de 8 pour 100, ce qui laisse un bon milliard au commerce de concurrence. Si ensuite on examine de quoi se compose ce milliard, on reconnaîtra que toutes les grandes catégories de marchandises à peu près y figurent (tableau 10, page XLIII). On l’aperçoit en effet les tissus de laine, de coton, de lin et de Chanvre, de soie, de fleuret, ainsi que ceux de crin, le papier et ses applications, les ouvrages en métaux, les peaux ouvrées ou simplement tannées, l’orfèvrerie, la bijouterie, les modes, l’horlogerie, la coutellerie, les articles multiples de l’industrie parisienne, la par fumerie et les savons, les armes, les plaqués, les fils de coton et de laine, les sucres raffinés, la poterie, les verres et cristaux. C’est en un mot, à peu de chose près, toute l’encyclopédie industrielle, et la plupart de ces articles figurent sur la liste pour de grosses sommes. Je ne parle pas des produits naturels, des denrées agricoles proprement dites, telles que les vins et les spiritueux, les céréales, les laines brutes, la garance, la soie, les bois communs, les œufs, le beurre, les fruits, les graines et fruits oléagineux, le bétail, et d’autres articles semblables qui forment une autre masse d’exportations de 478 millions. La conclusion à tirer de là, c’est que rigoureusement la presque totalité de l’industrie manufacturière de la France, sans parler de l’industrie agricole, pourrait se passer non-seulement de la prohibition, mais même d’un droit protecteur quelconque, car lorsqu’on exporte une marchandise, on va provoquer la concurrence étrangère sur son propre terrain, et c’est la preuve qu’on ne la craint pas.
Autre circonstance qui ressort du Tableau du Commerce, et qui vient corroborer cette conclusion : celles de nos industries qui sont protégées par la prohibition sont comprises dans nos exportations pour une somme de quatre cents millions environ.
Si le tarif des douanes était modifié et qu’on en effaçât la prohibition, la baisse des prix, en supposant qu’il s’en manifestât quelqu’une de notable tant qu’on n’aurait pas fixé les droits au point qu’il faut pour que l’industrie française ressente quelque peu l’aiguillon de la concurrence étrangère (et ce n’est pas ce dont il s’agis sait dans le projet de loi), — la baisse des prix causerait-elle du préjudice aux ouvriers ? Est-il vrai qu’elle entraînerait forcément la baisse des salaires ? M. Mimerel soutient que, pour que les prix tombent, il est nécessaire que les salaires soient amoindris. Est-ce juste ? n’est-ce pas une autre de ses illusions ou de ses assertions téméraires ?
Un moyen bien plus efficace que la diminution des salaires pour obtenir l’abaissement des prix est celui qui consiste à perfectionner