tarif. Il aurait ajouté que l’événement avait justifié, au-delà de toute espérance, ces prévisions d’une politique à la fois généreuse et féconde ; que depuis que l’Angleterre reçoit avec tant de libéralité les productions des autres peuples, la masse de ses exportations a doublé, ses populations ont plus que jamais du travail et vivent dans un bien-être qui jusqu’alors leur avait été inconnu. Il aurait terminé en leur apprenant que l’opinion protectioniste, très puissante encore en Angleterre à l’époque où sir Robert Peel accomplit la grande réforme, l’avait été successivement abandonnée de ses fidèles, et aujourd’hui n’y comptait plus un adhérent, tant les faits ont parlé haut et tant la liberté commerciale s’est trouvée bienfaisante pour ceux-là même qui l’avaient redoutée !
Dire que l’Angleterre a fortement réduit ou supprimé les droits dont naguère étaient frappées chez elle les marchandises étrangères, sans demander la réciprocité à personne, c’est énoncer implicitement cet autre fait, qu’elle a renoncé aux traités de commerce particuliers avec telle ou telle nation, et qu’elle s’est imposé la règle de s’abstenir d’observations à l’adresse des autres gouvernemens touchant leurs tarifs de douanes. Si elle prêche aux autres nations, et en particulier à la France, le principe de la liberté du Commerce, ou les mesures préparatoires de ce grand progrès politique et social, comme serait chez nous la levée des prohibitions, ce n’est plus par des notes diplomatiques, c’est, ainsi que lord Palmerston le disait l’autre jour à Liverpool, uniquement par son exemple ; c’est par le spectacle éloquent des immenses avantages qu’elle en retire pour le développement de sa richesse et de son travail, pour le bien-être de ses populations et pour sa tranquillité intérieure.
On s’expliquerait le langage de M. Mimerel au sujet de l’Angle terre, s’il fût tombé dans une léthargie profonde, semblable à celle de la Belle au bois dormant, Il y a quelque soixante ans, sous le directoire, lorsqu’on venait de promulguer la loi du 10 brumaire an V, dont on sait que le titre est : Loi qui prohibe l’importation et la vente des marchandises anglaises, lorsque tous les échos répétaient des cris de haine contre Pitt et Cobourg, et s’il ne se fût réveillé qu’en 1856, juste au moment de la présentation du projet de loi portant retrait des prohibitions. Mais M. Mimerel n’a pas dormi de l’an V à 1856 ; il a été mêlé aux affaires de sa patrie. Il connaît l’industrie française, et il en exalte la force, le génie et les ressources dans toutes les occasions, excepté lorsqu’on parle d’apporter une modification aux lois de douanes, car alors, à ses yeux et dans son langage, l’industrie nationale, par un changement à vue, devient la dernière de l’Europe, la plus impuissante, la plus incapable de résister à une épreuve quelconque. Il a été membre du jury international à Londres