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années étaient les plus empressés à recommander l’oubli du passé. Deux des sénateurs les plus influens du sud, M. Foote du Mississipi et M. Downs de la Louisiane, après avoir maintes fois harangué leurs concitoyens, prolongèrent leur tournée dans les états du centre, et vinrent jusqu’à New-York assister à des meetings de conciliation. Le sentiment des dangers sérieux qu’avait courus l’Union, et de la nécessité de maintenir le compromis, exerça une influence décisive dans l’élection présidentielle de 1852.

Les whigs hésitaient entre trois candidats : M. Fillmore, qui se recommandait par la droiture et la fermeté dont il avait fait preuve dans l’exercice du pouvoir ; le général Scott, qui avait pour lui l’éclat de ses services militaires et ses grandes qualités personnelles ; enfin M. Webster, qui avait pris une part si considérable à l’adoption du compromis, et qui était une des illustrations de la république. M. Fillmore, à qui sa conduite avait valu de légitimes sympathies dans les états du sud, eût rallié les voix de tous les indécis, et provoqué bien des défections au sein même du parti démocratique ; mais la fraction du parti whig qui avait épousé la cause de la liberté du sol ne pardonnait pas au président la fermeté avec laquelle il avait fait exécuter la loi d’extradition, demeurée impopulaire dans tout le nord. Cette fraction fit échouer la candidature de M. Fillmore, st le choix de la réunion préparatoire tomba sur le général Scott, dont les opinions bien connues se rapprochaient beaucoup de celles des free-soilers. Ce choix amena la dissolution immédiate et sans retour du parti whig. En effet, les whigs des états du sud, après avoir inutilement essayé d’obtenir du général Scott des explications satisfaisantes, refusèrent ouvertement de se rallier à sa candidature ; la plupart déclarèrent qu’ils s’abstiendraient de prendre part à l’élection, quelques-uns allèrent plus loin, et annoncèrent l’intention de voter pour le candidat des démocrates, s’il leur offrait quelques garanties. Les whigs du nord se coupèrent en deux fractions, dont une voulut rester fidèle à M. Webster, comme au représentant du compromis. Le général Scott, quoique nominativement le candidat du parti whig, ne fut en réalité que le candidat des free-soilers. Cette dissolution du parti whig eut pour conséquence naturelle le triomphe du parti opposé, qui était loin de s’attendre à une pareille bonne fortune. Les démocrates, depuis quatre ans, s’efforçaient péniblement de combler les vides que les free-soilers avaient faits dans leurs rangs : des rivalités de personnes les divisaient profondément, et dans l’impossibilité de mettre d’accord les amis du général Cass et ceux de M. Buchanan, la convention de Baltimore avait porté son choix sur un homme relativement obscur, sur M. Franklin Pierce, qui avait pris part à la guerre du Mexique. M. Pierce, investi de quelque autorité dans le New-Jersey dont il avait été sénateur, s’était