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avaient une destination funéraire. La chambre qu’on a trouvée dans le monument de Cestius était décorée de peintures dont quelques-unes ne sont pas encore effacées. C’était la coutume des peuples anciens, notamment des Égyptiens et des Étrusques, de peindre l’intérieur des tombeaux, que l’on fermait ensuite soigneusement. Ces peintures, souvent très considérables, n’étaient que pour le mort et ne devaient jamais être vues par l’œil d’un vivant. Il en était certainement ainsi de celles qui décoraient la chambre sépulcrale de la pyramide de Cestius, car cette chambre n’avait aucune entrée. L’ouverture par laquelle on y pénètre aujourd’hui est moderne. On avait déposé le corps ou les cendres avant de terminer le monument; on acheva ensuite de le bâtir jusqu’au sommet.

Nous sommes ramené à Auguste par un personnage qui eut avec lui des rapports intimes et lui sauva la vie, l’affranchi Musa, son médecin. On croit qu’une statue du Vatican est celle de Musa. Musa guérit Auguste par l’usage des bains froids et des boissons froides : c’était un traitement hydrothérapique. Les bains froids de Musa qui avaient sauvé Auguste, et dont Horace nous apprend que lui-même fit usage, tuèrent le jeune Marcellus, aidés peut-être, il est vrai, par les soins de Livie. La reconnaissance d’Auguste ne fut pas découragée par la mort de son neveu, et il éleva à Musa une statue en bronze auprès de celle d’Esculape. La statue du Vatican dans laquelle on pense reconnaître le médecin d’Auguste ne serait, dans tous les cas, qu’une copie antique de celle-là, car elle est en marbre. Musa, si c’est lui, est représenté en Esculape, ce qui s’accorderait avec l’honneur qu’on lui fit en plaçant son image auprès de celle du dieu.

En parlant d’Auguste, je ne saurais oublier les grands poètes qui l’ont trop immortalisé; mais ce n’est pas à Rome qu’il faut chercher la mémoire de Virgile : ce sont les vertes prairies de Mantoue, les bords sinueux du Mincio,

... Tardis ubi flexibus errat
Mincius....


qui peuvent rappeler le poète des églogues, toutes remplies des souvenirs d’une nature plus fraîche, plus molle, plus ombreuse que la campagne de Rome, même au temps de Virgile; c’est Naples, qui garde, non son tombeau, bien qu’on le montre aux étrangers, ni son laurier, quoiqu’on le replante de temps en temps pour les touristes anglais, mais la tradition populaire, telle que le moyen âge l’a faite, de Virgile savant et magicien, dont l’école était sur le rivage où des rochers portent encore le nom de scuola di Virgilio (école de Virgile). A Rome, il ne reste nul vestige de l’auteur de l’Enéide; on sait seulement qu’il habitait sur l’Esquilin, près des jardins de Mécène. Ce