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en 1686 dans mes Principes (Lem., 2, liv. II), la vraie règle pour différentier les quantités, et que je connaissais en 1672 la règle pour déterminer la courbure des courbes. Il n’a pas encore reconnu qu’en 1669, lorsque j’ai écrit l’Analyse par séries, j’avais une méthode pour carrer les lignes courbes, quand cela est possible, méthode qui est expliquée dans ma lettre à Oldenburg, datée du 24 octobre 1676 et dans la cinquième proposition du livre des Quadratures… Quand toutes ces choses seront admises, les discussions seront finies, et je ne lui refuserai plus mon portrait. » On voit que Newton pratiquait mieux le pardon que l’oubli des injures.

Les bureaux et le laboratoire de la monnaie étaient alors à la Tour de Londres, et le grand-maître n’était point logé. Newton demeura jusqu’en 1709 dans Jermyn-Street, près de l’église Saint-James ; puis, il passa quelque temps à Chelsea, près du collège ; enfin en 1710 il revint à Londres s’établir dans une petite maison qui existe encore dans Martin-Street, près de Leicester-Fields. C’est la première maison à main gauche, lorsque l’on sort de Leicester-Square. Elle est maintenant occupée par un imprimeur. C’est la que Newton a publié la troisième édition des Principes, avec l’aide du docteur Pemberton, professeur de physique à Gresham-College, édition qui contient une nouvelle préface et des change mens importans. C’est la aussi qu’il fut attaqué pour la première fois en 1722 de la maladie dont il mourut cinq ans après. Le docteur Mead, qui le soignait, ne reconnut pas d’abord la vraie nature de son affection, et en crut la première atteinte plus grave qu’elle n’était. Newton se remit, il vint loger à Kensington et se trouva un peu mieux ; mais il se fatiguait facilement, et fut bientôt obligé de se démettre de ses fonctions à la monnaie. Il conserva toutefois le titré et le traitement, et fut remplacé par Conduitt, qui avait épousé sa belle nièce Catherine Barton. Ses douleurs étaient assez vives, et la goutte, qui accompagne souvent la pierre, l’attaqua bientôt aux deux pieds. Son état lui laissait de temps en temps quelques jours de répit, et sa conversation était agréable. Son irritabilité n’était plus excitée, car il n’avait plus d’ennemis, et il pouvait alors être modeste en toute sécurité. C’est ce qu’il était, et, dit-on, d’une manière charmante, car il n’avait plus ni l’espèce de sauvagerie, ni la constante préoccupation de sa jeunesse, ni l’amour-propre sans cesse irrité de son âge mûr. Aussi les savans de tous pays et de tout âge allaient-ils le visiter et recevaient-ils un bienveillant accueil dont il reste de nombreux témoignages. Aucune science ne lui était étrangère : il les avait toutes perfectionnées. C’était la mode alors parmi les mathématiciens de proposer des problèmes à résoudre avec un prix pour le vainqueur. Quoiqu’il ne se livrât plus à des travaux suivis, Newton, même dans