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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 10.djvu/199

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se prendront pour des amateurs éclairés. Avoir chez soi deux morceaux d’une telle valeur, n’est-ce pas une preuve de goût ? Comment oser dire à ceux qui les contemplent chaque jour qu’ils se trompent sur le mérite d’un ouvrage nouveau ? Ce serait évidemment une témérité ridicule, En présence d’une statue achevée la veille, ils n’hésiteront pas à donner leur avis. L’antiquité, mise à leur portée par l’industrie, a transformé leur intelligence. Quelle perspective séduisante pour les sculpteurs de notre temps ! Ils auront pour juges des hommes d’un goût éprouvé. Les débris du Parthénon, vulgarisés par des procédés ingénieux, propageront le sentiment du beau parmi les esprits les plus rebelles. Au lieu de parler du vaudeville de la semaine, on parlera des Panathénées, car les Panathénées n’échapperont pas à la vulgarisation qui les menace. On n’aura plus besoin de se déranger pour savoir ce qu’elles valent. Sans aller au Musée britannique, on sera pleinement édifié à cet égard. On aura chez soi les Panathénées, et à bon marché. Je ne voudrais pas parler légèrement d’une question qui offre un intérêt sérieux, mais je ne puis me dispenser de signaler sous des formes diverses le danger de l’alliance proposée par M. de Laborde. L’auteur, préparé par des études nombreuses à la tâche qu’il vient d’accomplir, a le droit d’espérer que la critique discutera ce qu’il donne pour la vérité. Railler n’est pas réfuter. Cependant, comme il s’agit de prouver au public que l’union des arts et de l’industrie présente plus de périls que d’avantages, il n’est pas inutile de tempérer l’austérité de la discussion, car le public a besoin de voir et de revoir la même pensée avant de l’accepter. Les œuvres d’art à bon marché, multipliées par des procédés que la science simplifie tous les jours, ne seront jamais pour la bourgeoisie qu’un passe-temps, et rien de plus. Croire qu’elles deviendront un enseignement, qu’elles formeront le goût, est une erreur qu’il faut s’appliquer à combattre. La seule manière de connaître ce qu’ont voulu les grands génies dont s’honorent la peinture et la statuaire, c’est d’étudier leurs œuvres dans la forme qu’ils leur ont donnée. Les figurines de zinc bronzé sont pour les marbres grecs quelque chose d’aussi perfide que les gravures à bon marché qui se publient chaque jour pour les compositions des écoles italiennes. La plupart du temps, ceux qui font ces gravures n’ont jamais vu les modèles qu’ils sont chargés de reproduire. Aussi les curieux assez mal avisés pour consulter ces feuilles de papier qu’on décore du nom d’estampes n’entassent dans leur mémoire que des idées fausses. Pareille chose ne peut manquer d’arriver à ceux qui prendront les figurines du commerce pour t des réductions fidèles. Après les avoir vues, ils seront parfaitement inhabiles à dire ce que valent les originaux. Je ne veux pas proscrire