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De l’Angola, l’infatigable missionnaire est retourné sur le Haut-Sescheké, qu’il a suivi et reconnu dans la plus grande partie de son cours, et il s’est arrêté seulement à la station portugaise de Tête, dans laquelle il est entré le 2 mars 1856.

Tandis que M. Livingston, avec des compagnons d’abord et seul ensuite, découvrait le N’gami, relevait le cours du Zambèze et traversait l’Afrique australe, un autre Anglais, M. Francis Galton, visitait la plage nue et sablonneuse qui, de la baie de Walwich au cap Frio, porte le nom de terre de Cimbéba ou Cimbébasie. Parti en 1850 du cap de Bonne-Espérance, il remonta avec un petit bâtiment, le long de la côte occidentale, jusqu’à la baie de Walwich. Là, muni de deux chariots, de bœufs et de mulets et suivi de quelques noirs, il s’aventura dans l’intérieur des terres, et après avoir traversé un canton entièrement désert, il parvint chez les Damaras, peuplade qui, dans le langage de cette partie de l’Afrique, porte le nom de Ovaherero ou hommes joyeux. Plus loin, dans l’intérieur, habitent les Ovampantieru, c’est-à-dire les trompeurs. Damup est le nom que les riverains de l’Orange donnent à l’ensemble de ces populations, et que les marchands hollandais ont transformé en celui de Damaras.

En 1852, un nouveau voyageur se lançait dans la carrière des explorations africaines ; c’était un jeune naturaliste suédois, qui se rattachait par sa mère à une famille anglaise, — M. Charles Andersson. Aguerri dès son enfance à la chasse dans les forêts et les montagnes de la Suède, M. Andersson vint à Londres chargé de toute une collection des dépouilles de ses victimes, et là il fit la rencontre de M. Galton, qui, de retour de sa première expédition, en méditait une seconde. Les récits de l’explorateur du pays des Damaras enflammèrent l’imagination de M. Andersson. Pénétrant plus avant qu’aucun chasseur ou naturaliste ne l’avait fait avant lui, M. Andersson accomplit, du Cap aux possessions portugaises de la côte occidentale, un trajet presqu’aussi considérable que celui de M. Livingston. L’ouvrage qu’il a publié en Angleterre à son retour est particulièrement profitable à l’histoire naturelle ; on y trouve aussi des détails géographiques qui complètent et confirment les renseignemens dus au missionnaire qui a précédé le voyageur suédois.

Après une première excursion accomplie, en compagnie de M. Galton, aux environs de la baie de Walwich, M. Andersson résolut de pénétrer au N’gami en s’avançant de l’ouest à l’est, et au mois d’avril 1853 il se dirigea résolument, accompagné de quelques serviteurs indigènes, à travers des régions que nul Européen n’avait foulées avant lui. Le sol était sablonneux et difficile. De loin en loin seulement quelques stations étaient marquées par des puits. Le voyageur se trouvait dans cette région sauvage et désolée qui, à l’ouest et au sud, enveloppe le N’gami, et que l’on appelle le désert de Kalahari. Entre les stations, le manque d’eau faisait cruellement souffrir la petite caravane, et la piqûre du tsé-tsé causait de grands ravages parmi les bêtes de somme. Les bêtes sauvages abondaient dans le voisinage des puits. C’est dans ce désert et en général au nord de l’Orange que se réfugient tous les grands quadrupèdes qui reculent chaque jour devant les empiètemens de l’homme. M. Andersson nous dépeint avec une verve passionnée la beauté et la puissance de ces nobles hôtes de l’Afrique. Tous les explorateurs de ce