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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/437

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CÔTES DE PROVENCE



I.


SAN-SALVADOUR.


Les rivages à pic descendent à la mer.
Leurs sommets, rafraîchis par un zéphyr amer,
Portent tout un fouillis de grands bois ou d’arbustes,
Lentisques, châtaigniers, pins verts, chênes augustes.
La nature a sculpté, le long du vieux granit,
Une corniche étroite où jase plus d’un nid.
Le vent, d’un arbre à l’autre, y berce la liane ;
L’iris y germe auprès de la valériane.
La mer brisant au bas, le son des flots chanteurs
Arrive par momens jusques à ces hauteurs.
Le vif scintillement des ondes radieuses,
En été, frappe l’œil à travers les yeuses,
Et l’on peut voir au loin, dans le cristal qui dort,
Des îles et des caps trembler les reflets d’or.

Sur la falaise abrupte un heureux pli de terre
Se creuse, — lieu propice à quelque doux mystère.
Des pampres, des lauriers y croissent ; un ruisseau,
Parmi les graviers bleus roulant son filet d’eau,
L’épanche dans la mer. — À cette mer si grande,
Humble source, qu’importe une si mince offrande ?

Par là, rêveur oisif, comme je m’égarais,
Sous la roche qui penche, au recoin le plus frais,
J’aperçus un berger dormant d’un profond somme.