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jourd’hui, et il m’a conseillé de réserver mes études subséquentes pour le moment où la science serait tout à fait fixée. À ce compte, la curiosité de ceux qui s’intéressent à ces grands problèmes pourra ne pas être satisfaite de longtemps. Lorsque le savant Huet, évêque d’Avranches (qui, suivant l’allitération de Voltaire, pour la Bible toujours penche), fut installé dans son évêché, on répondait souvent aux paysans qui demandaient à lui parler, que monseigneur ne pouvait les recevoir parce qu’il était occupé à étudier. — Le roi aurait bien dû nous donner un évêque qui eût fait ses études, répondaient ces bonnes gens. — Je dirai de même que le recueil où j’écris aurait bien dû trouver, si possible, un physicien prêt à juger en dernier ressort les nombreux travaux publiés sans cesse sur le magnétisme terrestre. Plusieurs de ces résultats annoncés avec pompe sont, suivant M. Duperrey, très susceptibles de discussion, en sorte que, pour avoir le dernier mot sur chaque chose, il faudrait plusieurs expéditions spéciales et un grand nombre d’observatoires disséminés systématiquement sur le globe. En attendant cet ensemble de recherches combiné pour le monde entier, l’Angleterre et la Russie, l’une parce qu’elle a de nombreuses colonies au nord et au sud, l’autre parce qu’elle est elle-même en superficie presque un monde, ont eu le mérite et l’honneur de contribuer plus qu’aucune autre nation au progrès de la science du magnétisme terrestre, pour laquelle la France, par ses expéditions réitérées, avait déjà beaucoup fait. Je pense que le monde scientifique doit avec justice faire remonter la gloire de ces belles découvertes à M. Alexandre de Humboldt, qui le premier sentit toute l’importance de la géographie physique, et inaugura le commencement de ce siècle par des voyages qui nous acquirent beaucoup de science positive, et de plus servirent de modèle pour s’avancer hardiment dans la carrière ouverte par ce grand génie observateur de la nature.

Si j’insiste sur la difficulté d’arriver à des conclusions définitives sur les nombreux travaux relatifs au magnétisme du globe, qu’on veuille bien ne point m’accuser de fausse modestie. Je sais qu’il y a quelque inconvénient à faire le modeste, car souvent alors on est cru sur parole. À ce propos, voici un mot du célèbre abbé Maury, qui fut cardinal sous l’empire. Un ancien courtisan rallié, le rencontrant aux Tuileries, lui dit assez malignement : — Eh ! monsieur l’abbé, comment vous trouvez-vous ici ? — Ici, comme ailleurs, monsieur le comte, quand je me juge, je me trouve peu de chose (geste d’humilité). — Puis, continuant avec un ton très différent : — Mais j’avoue que quand je me compare, j’ai un peu meilleure opinion de moi !

C’est au perfectionnement de la boussole que sont dues les pre-