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tensité ; ensuite les changemens que le cours des siècles apporte dans tous ces élémens de la physique de notre globe, tels que la marche du pôle magnétique et le transport des lignes d’aimantation tout d’une pièce vers l’ouest ; puis les influences calorifiques du soleil, et l’action de cet astre et de la lune, considérés eux-mêmes, ainsi que la terre, connue de véritables aimans, avec leurs propres pôles ; enfin la théorie électrique de tous ces phénomènes. Voilà de quoi faire dire au lecteur : Assez ! jam salis est. Après cet exposé, on peut lui conseiller sans honte d’attendre, pour de plus amples détails, les progrès futurs de la science.

Prenez un barreau aimanté et approchez-le d’un morceau de fil de fer, il l’attire. Voici pourquoi. Il commence par faire naître deux pôles dans ce fil de fer ; puis, comme il agit de plus près sur le pôle voisin que sur le bout opposé, il attire le bout qui est à sa proximité plus qu’il ne repousse le bout opposé : il appelle donc à lui ce morceau de fer allongé. Comme, sur la terre, les deux pôles sont fort éloignés de ceux que possède une aiguille aimantée, ils attirent autant un des pôles de l’aiguille ou du barreau aimanté qu’ils repoussent l’autre, et par suite l’aiguille ne se meut pas, mais elle tourne sur elle-même de manière que son pôle attiré soit le plus près possible du pôle terrestre voisin, et que le pôle repoussé en soit au contraire le plus loin possible. Il n’y a donc pas de tendance au déplacement, mais une simple force directrice dans la ligne d’un pôle à l’autre. Cependant, si, par la pensée, on crée un immense barreau ou aiguille aimantée, allant par exemple de la France jusqu’à l’Islande, son extrémité nord, plus voisine du pôle magnétique américain, étant plus attirée que l’extrémité française n’est repoussée, la masse entière tendrait à se mouvoir vers le nord. Des expériences de la plus grande délicatesse ont été faites par les physiciens pour constater ce résultat théorique. On a suspendu par des fils de soie non tordus une règle de bois horizontale qui portait des barreaux aimantés sur des pivots soutenus par la règle horizontale. Jamais les pivots et la règle qui les portait n’ont été entraînés le moins du monde dans un sens déterminé. Il ne reste donc plus qu’à voir si le globe aimante, comme il doit le faire, les morceaux de fer ou d’acier susceptibles de magnétisme. Or ici on n’a que le choix des faits, aussi nombreux que peu remarqués par les yeux distraits, j’oserais même dire aveugles, de la foule, qui passe inattentive à travers toutes les merveilles de la nature, quand elles ne font pas spectacle. « Pour qu’un acteur soit applaudi, disait Horace, il faut qu’il paraisse sur la scène affublé des plus riches et des plus brillans tissus étrangers. » Il est bien plus sage de reconnaître que la nature n’est jamais plus grande que dans les petits objets.