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d’enregistrement, qui atteignent le chiffre de 12 millions, la surtaxe pour les dépenses de perception des impôts directs, qui donne 1,600,000 fr., l’impôt sur les bâtisses, sur les successions, la taxe sur les voitures. Cette dernière ne procure au trésor que la somme insignifiante de 600,000 fr. Les droits sur les successions dépassent 5 millions. — Dès 1850 également, le ministère présentait aux chambres, à l’occasion du renouvellement de traités de commerce, des projets de réforme radicale qui substituaient presque à un système de protection rigoureuse le régime du libre échange, et dans les années suivantes les principes exposés à cette occasion ont reçu les applications les plus larges.

Sous l’empire de ces doubles mesures, le budget des recettes ordinaires s’est élevé de 98 millions en 1851 à 99, 112, 117, 125, 130, 135, et enfin à 143 dans le projet de budget de 1858. C’est là sans doute une progression très rapide ; mais, loin de suffire à couvrir toutes les dépenses, excepté dans le projet de budget de 1858, où figure un insignifiant excédant des recettes ordinaires sur les dépenses de même nature, elle a toujours laissé subsister un déficit notable entre les dépenses et les recettes. Le budget de 1858, en raison des dépenses extraordinaires, présente encore un déficit de plus de 3 millions, et tandis que ces dépenses ne sont pas arrivées à leur terme, si l’on analyse la nature des nouvelles sources de revenus, on se convaincra qu’on ne saurait en attendre un accroissement considérable, et que dès à présent la plupart ont fourni tout ce qu’il est raisonnable d’en espérer. Le droit d’enregistrement, par exemple, a donné en 1855 et 1856 une augmentation de 3 millions; mais c’est l’effet de la réforme du droit lui-même, et une fois la réforme opérée, l’augmentation ne se produira plus : aussi, dans le budget de 1858, le ministre ne l’évalue-t-il qu’à 200,000 fr. Il en est de même du droit sur les successions et sur le timbre, qui figure pour un très gros chiffre au budget. Les revenus de la poste depuis 1854 ne se sont accrus que de 400,000 fr. environ. En revanche, ceux de la loterie se sont augmentés au-delà de toute prévision, et pour mettre un frein à cette passion, qui constitue pour les contribuables la plus improductive de toutes les dépenses, le gouvernement a voulu, sous forme de prélèvement d’un dixième sur les gains de loterie, diminuer la valeur des lots et affaiblir l’appât offert aux joueurs.

D’un autre côté, la plupart de ces accroissemens de revenus n’indiquent qu’une augmentation de charges, nullement un progrès dans la prospérité générale, et cette expression de charges est ici d’autant mieux à sa place, que dans certaines parties des états sardes, dans celles où l’industrie a le moins multiplié les sources de profits particuliers et d’élévation de salaires, on ne peut s’empê-