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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/825

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pour 5,200 kilogr., s’est élevée en 1852 à 15,000, à 31,000 en 1853, et à 185,000 en 1854; les tissus de soie, qui entraient en 1850 pour une quantité de 17,000 k., atteignent en 1852 le chiffre de 68,000, celui de 74,000 en 1853, et sont encore à 67,000 en 1854.

Sans doute les variations des récoltes doivent amener dans l’industrie piémontaise des vicissitudes dont elle ne saurait être responsable; cependant il ne peut échapper aux yeux les moins clairvoyans que, pressé par la concurrence des états limitrophes, — la Suisse, la France et la Lombardie, — le Piémont n’est pas parvenu à s’assurer dans les limites mêmes de son territoire la prépondérance et la possession exclusive de son propre marché. C’est là bien certainement une circonstance regrettable, et si l’on ne peut à bon droit l’imputer entièrement aux réformes douanières, on avouera au moins que ces réformes ne sont pas de nature à amoindrir cette énorme différence entre les chiffres de l’importation et ceux de l’exportation. Obligé de pourvoir sur les revenus de son propre sol au paiement d’objets importés qui excèdent pour plus d’un quart la valeur de ceux qu’il fournit en échange, distrayant du capital reproducteur, qui va alimenter le travail étranger au détriment de l’industrie locale, une somme si considérable, perdue chaque année dans les nécessités de la consommation, le Piémont se voit ainsi retardé dans l’accroissement de sa prospérité intérieure, et cependant on a vu à quelles charges il avait à faire face, combien il lui importait d’accroître ses ressources pour rétablir l’équilibre des finances de l’état, — Un seul chiffre démontrera, et sur le point où l’activité nationale se déploie avec le plus d’avantages, la lenteur regrettable de ces progrès si nécessaires. L’effectif de la marine marchande, au 31 décembre 1850, était de 3,319 navires jaugeant 162,085 tonneaux, et en 1855 on trouve 184,860 tonneaux jaugés par 2,962 navires.

Sur deux points cependant les progrès ont été sensibles, je veux parler du commerce spécial du Piémont avec la France, et du commerce de transit. En 1850, le total des transactions avec la France, importation et exportation réunies, s’élevait, d’après les documens français, à 124 millions : il montait à 170 en 1852, il atteignait 180 en 1853, pour retomber à 164 en 1854; mais à la différence de ce qui se passe pour l’ensemble du commerce piémontais, la valeur des objets que les états sardes exportent chez nous dépasse celle que nous y importons. Il peut être curieux de comparer sous ce rapport la nature des relations du Piémont avec les autres pays étrangers. En 1852, le Piémont avait reçu pour 46 millions de marchandises de provenances françaises, il avait exporté pour 52 millions de ses produits. De la Lombardie, il avait reçu pour une valeur de