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grammes, c’est une fixation provisoire dont le terme est arrivé depuis quelque temps même. Nous ne tarderons pas à voir qu’il n’importe pas seulement à l’honneur et à la dignité de l’état d’y mettre fin par des mesures décisives. Pour remplir de notre mieux le programme que nous nous sommes tracé, il faut maintenant examiner deux questions. D’abord nous avons à signaler les inconvéniens principaux qui accompagneraient la baisse de l’or comme aussi les avantages qui pourraient venir en balance de ces dommages. En second lieu, s’il est établi, comme je crois pouvoir le pronostiquer dès à présent, que dans certains pays et particulièrement en France, au cas où le législateur n’aviserait pas, ainsi qu’il l’avait formellement promis en l’an XI, la proportion du mal doit de beaucoup excéder celle du bien, nous aurons à chercher quelles dispositions seraient propres à empêcher ou à amoindrir les effets fâcheux de l’envahissement de notre système monétaire par le précieux métal sous une forme qu’a d’avance condamnée l’esprit de notre législation.

Cela posé, je suppose un habitant de Londres ayant en rentes sur l’état un revenu de 1,000 livres sterling. Une fois l’événement de la baisse entièrement consommé, il recevra comme aujourd’hui 1,000 disques contenant chacun 7 grammes 318 milligrammes d’or fin ; c’est ce qu’on nomme un souverain ou une livre sterling. En tout, il aura 7 kilogr. 318 grammes de métal pur. La baisse étant à son terme, si l’or a perdu la moitié de sa valeur, dans toutes les transactions où il suffisait d’une pièce d’or, il en faudra donner deux. Avec ses 7 kilogr. 318 grammes du précieux métal, notre habitant de Londres ne pourra se procurer en pain, en viande, en articles de tout genre, en satisfactions de toute sorte, que la moitié de ce qu’il aurait eu en retour auparavant. Il sera appauvri de moitié. Ce que je dis d’une personne fixée à Londres serait également vrai d’un habitant de Paris, si l’on ne discontinuait la tolérance en vertu de laquelle l’or circule sur le pied établi par la loi du 7 germinal an XI, quoique depuis les événemens aient renversé l’hypothèse sur laquelle est fondée la rédaction de cette loi en ce qui concerne l’or. Ce ne sera rien moins qu’une perturbation profonde pour les états dans la monnaie desquels l’or sert d’étalon, ainsi que pour ceux où, comme on le fait présentement en France, on lui permet de se comporter comme s’il l’était. C’est la catégorie des pays placés dans l’un ou l’autre de ces cas que nous devons envisager de préférence.

Une révolution pareille peut n’être pas sans quelques résultats utiles. Essayons de nous en rendre compte. En supposant que la baisse de l’or doive être de la moitié de sa valeur, proportion que j’énonce uniquement par manière d’exemple et pour la clarté du discours, il s’ensuivra qu’au bout d’un certain temps la matière pre-