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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/127

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le navigateur aborderait le bassin qui termine l’Océan-Atlantique septentrional, et qui a pour limites le Labrador, Terre-Neuve, l’Angleterre, la Norvége, le cercle polaire, l’Islande, et enfin le cap Farewell, à l’extrémité du Groënland. Ce bassin nord de l’Atlantique, qui communique à l’est et à l’ouest avec les mers glaciales, a pour pendant et pour analogue très semblable la partie nord de l’Océan-Pacifique, entre le Kamtchatka, le détroit de Behring, l’Amérique russe et l’Amérique anglaise. On ne sait pas bien si, par le détroit de Behring, le Pacifique n’envoie point un courant d’eau tempérée à la mer glaciale américaine, comme le fait l’Atlantique à la mer glaciale de l’ancien monde par le passage qui sépare le Cap-Nord du Spitzberg. Quant à l’existence d’un courant continu qui suivrait la route du navigateur que nous supposions tout à l’heure, en contournant les régions polaires et en marchant toujours à l’est, c’est là un fait qui ne me paraît pas douteux, et aux époques mêmes où les régions maritimes que ce courant traverse sont gelées à la surface, il n’en suit pas moins sa direction sous la glace. Notez bien qu’un pareil courant, marchant aussi de l’ouest vers l’est, fait le tour de l’autre pôle de la terre ; mais comme le domaine de ce dernier est tout entier dans des mers sans rivages, il suit sans obstacles son chemin vers l’orient, et accomplit sa révolution sans changer sa distance au pôle et sans avoir besoin de régler sa marche sur des terres dont la saillie, analogue à celle du Groënland, complique beaucoup les circonstances mécaniques qui règlent la course de ces deux grands fleuves océaniques (expression d’Homère) que j’ai ajoutés aux cinq grands circuits qui résultent de l’admirable travail de M. Duperrey, de notre Institut, confirmé par la carte de M. Findlay, éditée en Angleterre, dans le Journal de la Société royale de géographie (vol. XXIII). La météorologie, dont quelques savans paraissent révoquer en doute l’existence, déborde de tous côtés dans l’astronomie, dans la physique, dans la géographie, dans la géologie, dans la mécanique, dans l’agriculture et dans l’économie politique, sans compter la médecine hygiénique et pathologique. On peut parodier pour elle le mot célèbre de Sieyès relatif au tiers-état. — Qu’est la météorologie ? Rien. — Que doit-elle être ? Tout.

Le bassin septentrional de l’Atlantique est, comme je viens de le dire, tout à fait analogue au bassin nord du Pacifique. La baleine, le morse, le phoque et les pêcheries en général y attirent la même population de navigateurs européens et américains ; les courans chauds qui y remontent de l’équateur y font sur les côtes orientales et occidentales les mêmes climats et la même végétation. La Haute-Californie et l’Orégon rivalisent avec l’Europe occidentale, et quand les hardis settlers de la race anglo-saxonne auront peuplé les rivages