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de failles parallèles, le plus souvent en relation ? avec quelque soulèvement des montagnes voisines. Dans ces accidens généraux les ruptures sont peu nombreuses et assez larges, les dénivellations atteignent parfois 200 mètres et réagissent sur toute la série des couches, de telle sorte que si l’une d’elles est souvent assez difficile à retrouver, la distance qui les sépare et qui s’est maintenue donne un moyen facile de chercher les autres. Lorsqu’il ne s’agit que d’accidens locaux, les brisures sont multipliées et étroites, les rejets ne dépassent pas quelques mètres. Dans certaines couches, dit M. Amédée Burat dans son intéressant ouvrage sur les combustibles minéraux[1], les tracés des failles secondaires peuvent être comparés aux fissures d’une glace brisée. — Je n’ai pas besoin d’insister sur l’hésitation qui se trouve alors imprimée à la marche des travaux, malgré les indices généraux ou propres à chaque bassin qui guidaient le mineur dans ces circonstances.

L’épaisseur des couches de houille, qui détermine le mode d’exploitations, est assez ordinairement d’autant moins grande que la couche est plus régulière, de sorte qu’il y a une certaine compensation entre la conduite des travaux d’un bassin et la richesse minérale qu’il renferme. Une couche n’est du reste plus regardée comme exploitable lorsqu’elle a moins de 0m30 d’épaisseur, cas qui se présente assez fréquemment dans le bassin du nord, où du moins le nombre des couches, qui atteint peut-être la centaine, rachète ce qui leur manque en puissance moyenne.


II. – LEGISLATION HOUILLERE.

L’exploitation de la houille, qui est en quelque sorte, connue de temps immémorial, mais dont on n’a entrevu l’utilité industrielle en France qu’à la fin du siècle dernier, apparaît pour la première fois dans ces lettres patentes du 30 septembre 1548 par lesquelles Henri II avait concédé au seigneur de Roberval le monopole exorbitant de toutes les mines du royaume. Le charbon terrestre et les houilles y figurent dans l’énumération des substances minérales que comprend la concession. On conçoit en effet que l’usage du combustible minéral ait longtemps été restreint au chauffage domestique, à la maréchalerie, à la cuisson de la chaux, qu’il se soit répandu avec beaucoup de lenteur, en raison de l’abondance du combustible végétal ; qu’il soit enfin intimement lié au développement de l’industrie, qui a donné à la houille le rang qu’elle occupe aujourd’hui parmi

  1. De la Houille, traité théorique et pratique des combustibles minéraux (houille, lignite, anthracite, etc.), 1 vol. in-8o 1851.