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moyen d’échelles verticales ou inclinées : le puits est partagé en sections de plusieurs mètres de hauteur, séparées entre elles par des planchers, et munies d’échelles à montans en bois ou en fer. Si l’échelle, régnant alors le long du puits, est verticale, la projection du centre de gravité du mineur qui s’y trouve tombant en dehors des points d’appui qu’il prend avec ses pieds, il est obligé de développer avec ses bras un effort considérable. Suivant quelques médecins, les fonctions respiratoires seraient en outre gênées au point de provoquer une déchirure des poumons ; la fatigue peut, en tout cas, avoir pour conséquences immédiates des chutes qui, bien qu’elles ne puissent avoir lieu que sur les planchers de séparation, sont fréquemment mortelles. Les sujets jeunes et robustes peuvent seuls faire un usage continu des échelles ; encore perdent-ils ainsi inutilement une fraction notable de leurs forces et de leur temps, et ils arrivent fatalement d’ailleurs à un dépérissement prématuré. Au point de vue économique, la question n’est pas moins grave. La dépense par ouvrier,et par jour est estimée à 0 fr. 25 cent., en supposant un puits de profondeur moyenne exclusivement destiné à la descente et à l’ascension des ouvriers, et en tenant compte du capital de l’échelle et du temps perdu pour le travail.

Quant aux échelles inclinées, elles offrent à peu près les mêmes inconvéniens. M. Lambert, ingénieur des mines belge, a calculé la valeur de l’angle qu’une échelle doit faire avec l’horizon pour être à la fois sûre et commode. Il a trouvé que cet angle devait être de 70 degrés : alors le centre de gravité du mineur se projette précisément au milieu de ses pieds. Si cet angle était dépassé, la position du corps serait évidemment moins avantageuse ; le danger n’existerait plus sans doute comme dans l’hypothèse contraire, mais une autre cause de fatigue serait introduite, l’homme n’étant point constitué pour marcher à quatre pattes ou à peu près.

L’usage des échelles est à coup sûr l’une des causes de l’asthme, auquel est si sujette la population souterraine ; mais les avis sont partagés sur l’importance qu’il faut attribuer à cette cause. Une commission médicale du Hainaut belge estimait même en 1840 que la circulation précipitée apportait seule dans les fonctions respiratoires un léger trouble, qui n’était en outre que momentané, et que la dépense d’efforts musculaires dans la remonte ne devait point être prise en considération, comme précédant immédiatement le repos qui termine la journée. Quoi qu’il en soit de cet optimisme, que je suis peu disposé à partager, l’emploi des échelles inclinées est infiniment préférable à celui des tonnes d’extraction pour la circulation des mineurs dans les puits. Par ce dernier système, particulièrement usité dans les houillères de la Loire, la question de commodité est