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saisi. Qu’on imagine de grandes tiges, disposées à une petite distance les unes des autres, animées d’un mouvement alternatif et inverse, tel que l’une monte pendant que l’autre descend et que deux oscillations consécutives de l’ensemble sont séparées par un temps d’arrêt. Chacune de ces tiges porte une série de plates-formes sur lesquelles un homme peut se tenir, et qui sont espacées du double de l’amplitude d’une oscillation. Il est évident que, si cet homme profite de chaque temps d’arrêt pour passer de la plateforme où il est placé sur la plate-forte correspondante de l’autre tige, il montera ou descendra, suivant son point de départ. Inventée en 1833 par un officier des mines du Hartz, la fahrkunst n’affectait pas d’abord la forme perfectionnée que je viens de supposer, et qui est à peu près celle de la warocquère. Au lieu de plates-formes, les tiges ne portaient que de simples marchepieds, sur lesquels se plaçaient les ouvriers en s’aidant de poignées en fer qu’ils saisissaient avec les mains. Pour se servir de l’appareil ainsi conçu, il fallait évidemment une vigueur, une agilité qu’on ne trouve que dans la jeunesse. Ce système a heureusement été perfectionné par M. Warocqué, propriétaire d’un charbonnage belge. Ce bienfaisant et habile industriel s’était proposé d’obtenir un mode de circulation rapide et commode pour ses ouvriers dans un puits profond de 530 mètres. Il a trouvé, il y a plus de dix ans, une solution très complète du problème. Les paliers sont entourés d’une balustrade, divisés en deux sections, dont l’une est affectée à la série des ouvriers ascendans et l’autre à celle des ouvriers descendans, recouverts d’une tôle hérissée d’aspérités pour que le pied ne puisse glisser. Les tiges sont munies de poignées que l’ouvrier peut saisir au besoin dans l’obscurité. Cet appareil est mû par une machine à vapeur, et, ce qui constitue une modification capitale, le mouvement alternatif, imprimé directement à l’une des tiges, est transmis à l’autre par un balancier hydraulique, qui est en outre destiné à obvier à un dérangement de la machine, auquel cas les ouvriers trouvent dans le même puits une série d’échelles à leur portée. J’ai dit l’objection financière que soulève cet ingénieux mécanisme ; elle semble avoir été levée par un ingénieur de la compagnie d’Anzin, M. Méhu, qui avait récemment installé une machine servant à la fois à l’extraction du charbon, à la circulation des ouvriers et même à l’épuisement des eaux ; mais cet ingénieur est mort avant d’avoir pu compléter l’exécution de son idée, qui a été appliquée du reste à un puits incliné d’une houillère de la Haute-Saône.

Les Annales des Travaux publics de Belgique contiennent sur la warocquère un intéressant rapport où se trouve un calcul qui résume le côté saillant de la question du transport des mineurs dans un