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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre 1857.

De combien d’élémens les affaires du monde ne se composent-elles pas ! Dans leur marche incessante, il n’est point de jour où elles n’attestent par quelque signe nouveau le travail universel de la vie sociale et politique des peuples. Même quand tout semble tranquille, rien ne s’arrête. Ce sont des hommes qui disparaissent, des situations qui se modifient, des intérêts qui se déplacent, des questions qui s’aggravent ou s’assoupissent alternativement. L’histoire de la veille n’est déjà plus celle du lendemain. À l’instant où nous sommes, les divans viennent de se réunir dans les deux principautés du Danube, et Rechid-Pacha remonte au pouvoir à Constantinople. L’Angleterre se réjouit d’un événement qu’elle attendait avec anxiété, et qui peut donner aux affaires de l’Inde une face nouvelle. En Espagne, un ministère vient de naître enfin à la suite de laborieuses péripéties. Au-delà de l’Atlantique, les États-Unis sont livrés depuis quelque temps à une crise commerciale et financière, qui a son retentissement à Londres et même à Paris, comme sur toutes les places du continent. Pendant ce temps, un homme qui représenta en France la révolution de 1848 dans ce qu’elle eut de meilleur et de plus régulier, un digne et vaillant soldat, le général Eugène Cavaignac, vient de mourir à l’improviste. Isolément quelques-uns de ces incidens n’ont qu’une importance relative ; dans leur ensemble, ils peignent la situation du moment, et ils continuent cette histoire où tout a sa place, la diplomatie et les finances comme les crises constitutionnelles et la littérature.

Au premier aspect, rien n’est changé sans doute depuis quelques jours dans la situation des principaux états de l’Europe, et cependant voici deux pays où les souverains se retirent de la scène, au moins temporairement et pour la même cause. Le roi de Suède, sans descendre du trône, s’est trouvé assez gravement atteint dans sa santé pour abandonner la direction des affaires à, une régence exercée par le prince royal. À Berlin, le roi Frédéric-Guillaume IV, à son tour, vient de transmettre momentanément le pouvoir au prince Guillaume de Prusse. Le roi actuel, on le sait, règne depuis 1840.