Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins avec ceux qu’il considère comme pouvant former une jeune littérature. Il se plaisait à décrire tout ce qu’on avait fait pour rajeunir la poésie il y a trente ans, pour « la montrer découpée à plaisir et revêtue des plus sveltes délicatesses, pour lui imprimer dans les vastes sujets le mouvement et la marche des groupes et des ensembles, pour faire voguer des trains et des appareils de strophes comme des flottes, ou les enlever dans l’espace comme si elles avaient des ailes, pour faire songer à la grande musique contemporaine ou à la gothique architecture… » C’est peut-être, il est vrai, parce qu’on a un peu trop songé à tout cela que la poésie a fini par perdre son chemin et par s’épuiser en s’égarant. Quoi qu’il en soit, l’œuvre de l’école du commencement de ce siècle est achevée ; la forme a été assouplie, tous les rhythmes sont découverts. Il ne reste plus qu’à trouver les pensers nouveaux dont parlait le poète. En un mot, la poésie ne renaîtra tout entière que d’un nouveau travail moral préparant l’essor d’une inspiration nouvelle.

Mais revenons à la politique. La question des duchés danois, cette question qui est venue troubler les rapports entre le Danemark et la confédération germanique, va-t-elle entrer dans une voie de complications nouvelles ? A ne considérer que l’apparence, ces épineuses difficultés semblent tout près de s’aggraver encore. On sait quel a été le résultat des délibérations de la diète provinciale du Holstein, qui a été récemment réunie a Itzehoe. Ce résultat absolument négatif, le gouvernement danois le constate dans une note diplomatique qui paraît avoir été communiquée aux diverses cours. Seulement, en constatant l’étrange accueil fait à ses propositions par la diète d’Itzehoe, le cabinet de Copenhague atteste une fois de plus le sincère esprit de conciliation qui l’anime, et ne se montre nullement éloigné de se mettre encore à la recherche de quelque moyen nouveau de transaction. Voici cependant que le duché de Lauenbourg vient de porter directement ses griefs devant l’autorité supérieure de la confédération germanique, et que la Prusse à son tour, peu satisfaite des déclarations du Danemark, paraît disposée à saisir la diète de Francfort. Le représentant de la Prusse à Francfort, M. de Bismark-Schoenhausen, a reçu la mission de s’entendre avec le représentant de l’Autriche pour présenter une proposition commune. C’est donc une aggravation réelle de cette terrible question. Le malheur dans tous ces débats, c’est que les duchés réclament, et qu’on demande impérieusement en leur nom ce que le Danemark ne peut accorder sans livrer les droits de son indépendance et de son intégrité. S’il ne s’agit que de justes griefs et d’intérêts légitimes, le Danemark ne saurait refuser de donner une satisfaction aux duchés de Holstein et de Lauenbourg ; il a même manifesté l’intention de porter la question devant le conseil suprême de la monarchie. Sur ce terrain, il est donc toujours possible d’arriver à une transaction sans faire intervenir la diète de Francfort, et c’est à faciliter cette transaction que la Prusse et l’Autriche devraient avant tout s’employer, au lieu de céder à la pression violente des passions allemandes, soulevées en ce moment contre le Danemark.

L’Espagne a depuis longtemps accoutumé ceux qui suivent son histoire à l’imprévu de ses crises et de ses évolutions politiques. Il y a plus d’un mois déjà qu’elle se trouvait à peu près sans ministère ; elle vient enfin de retrou-