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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/353

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comptoirs d’Ayuthia devinrent florissans. En 1685, se présentèrent les Français dans des conditions assez singulières. Un Grec, Constantin Phaulcon, qui, d’aventures en aventures, était arrivé à occuper la première place dans les conseils du roi de Siam, imagina d’établir des relations diplomatiques entre la cour d’Ayuthia et Louis XIV. Flatté dans son orgueil par les avances qui lui étaient faites du fond de l’Asie, et désireux de conquérir à la foi romaine comme à l’influence française un état dont on lui avait vanté la richesse, le grand roi envoya à Siam M. de Chaumont, avec une suite brillante et six jésuites. L’abbé de Choisy et le père Tachard, qui accompagnaient M. de Chaumont, ont raconté les curieux détails de cette ambassade. Les rapports établis et soigneusement entretenus par Phaulcon se continuèrent pendant quelques années. En 1687, Louis XIV fit partir pour Siam une seconde mission sous la conduite de M. La Loubère, et un millier de soldats français qui devaient, en vertu d’un traité, occuper les places de Mergui et de Bangkok. Tout allait au mieux, lorsqu’en 1690 une révolution renversa Phaulcon et fut suivie de l’expulsion des troupes françaises : étrange épisode qui se détache, au milieu des grandeurs épiques du règne de Louis XIV, comme un chapitre de roman !

En 1717, sous Philippe V, le capitaine-général des îles Philippines envoya à Siam un ambassadeur, don Gregorio Bustamente Bustillo, qui réussit à conclure un traité de commerce et obtint un emplacement pour l’érection d’une factorerie espagnole ; mais un malentendu amena une rupture avant même que le traité eût été mis à exécution. — Durant le XVIIIe siècle, l’attention se détourna du royaume de Siam. Lorsque la paix eut été rendue à l’Europe en 1815, les principales nations maritimes explorèrent de nouveau les contrées de l’extrême Orient. En 1822, la compagnie des Indes expédia à Bangkok M. Crawfurd, et en 1826 le capitaine Burney, pour négocier une alliance politique et une convention commerciale. Le premier de ces ambassadeurs échoua complétement, le second fut plus heureux ; mais les conditions qu’il arracha à la défiance ombrageuse de la cour de Siam ne tardèrent pas à être jugées insuffisantes, et en 1850 sir James Brooke, le fameux rajah de Sarawak, se rendit à Bangkok en qualité de plénipotentiaire de la reine Victoria : il revint sans traité. Le gouvernement anglais ne se tint pas pour battu, et en 1855 il chargea sir John Bowring de faire une nouvelle tentative pour ouvrir définitivement au pavillon et à l’industrie britanniques le marché siamois. Cette dernière mission aboutit à la signature d’un traité. Les États-Unis, qui dès 1833 avaient conclu une convention avec Siam (par l’intermédiaire de M. Roberts), voulurent en 1850 rouvrir les négociations ; mais leur représentant, M. Ballestier, ne fut même pas reçu à la cour. L’avénement du souverain actuel et