Depuis six mois, l’attention de l’Europe ne s’est reportée sur l’Inde que pour y démêler confusément un amas de rébellions militaires, de trahisons calculées avec la patience de l’Orient, de soulèvemens partiels étouffés dans le sang, de cruauté barbares, de résistances héroïques, devenues par momens d’étonnantes victoires. Aujourd’hui cette épaisse et sinistre nuit semble en partie se dissiper. On entrevoit dans l’avenir la durée subsistante de la domination des Anglais sur l’Inde : cela résulte de la gravité même du péril qu’elle vient de courir. Puisque, malgré l’insidieuse fureur de l’attaque, malgré ces surprises faites sur tant de points, la supériorité de race s’est maintenue, à nombre si prodigieusement inégal, qui sera-ce quand les forces nouvelles dont dispose la métropole seront présentes et distribuées sur le terrain de la conquête !
Quelques milliers d’Anglais et d’Ecossais, séparés d’abord, coupés dans leurs positions, enfermés dans des villes mal fortifiées, non-seulement n’ont pas succombé sous l’insurrection des troupes indigènes, mais l’ont en partie réprimée ou prévenue, et tiennent encore sous un joug qui n’a pas vacillé la population laborieuse et timide du pays. Quel raffermissement de puissance peut donc se