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Ainsi la zoologie et la physiologie, si longtemps regardées comme distinctes, cherchent mutuellement à se rapprocher. La zoologie physiologique, qui leur sert de lien, grandit à la faveur de cette double tendance, et M. Edwards en est resté le chef reconnu. Il n’y a là que justice. Peu d’hommes ont donné à la science qu’ils cultivent des gages aussi nombreux, aussi complets que ce savant. Associé à M. Audouin, il est entré le premier dans la voie des études maritimes dont nous venons de signaler l’influence. Il a d’ailleurs touché à toutes les branches de la zoologie, et dans toutes il a laissé sa trace. La liste de ses ouvrages présente en zoologie méthodique des recherches sur la classification des vertébrés aussi bien que sur celle des mollusques, des annelés et des rayonnes ; en zoologie descriptive vivante ou fossile, plusieurs livres généraux, devenus classiques ; en zoologie générale, des recherches sur les centres de création, sur la répartition géographique des crustacés ; en anatomie proprement dite, une foule de mémoires dont nous ne pourrions même indiquer les principaux ; en anatomie philosophique, des études sur le squelette des crustacés, regardées par Geoffroy comme un modèle du genre, etc. Mais ce qui caractérise M. Edwards mieux encore que tous ces travaux, quelque remarquables qu’ils soient d’ailleurs, c’est que jamais il ne perd de vue le côté physiologique du sujet qui l’occupe, c’est qu’il le met constamment en saillie et s’en sert pour éclairer les autres points de la question.

Cette tendance générale, M. Edwards l’a transportée dans son enseignement. Là encore il a dû envisager la science sous tous ses aspects. Jeune professeur à l’École centrale des arts et manufactures, il a dû s’occuper des applications à l’agriculture, à l’industrie, à l’hygiène privée et publique. À la Sorbonne, comme suppléant de Geoffroy, comme professeur titulaire, il a embrassé le règne animal dans son ensemble, tantôt plus spécialement en zoologiste classificateur, tantôt en anatomiste et en physiologiste. Au Jardin des Plantes, chargé du cours d’entomologie, qui comprend les crustacés et les insectes, il a été conduit à examiner en tous sens l’histoire de cet embranchement des annelés, un des mieux faits pour élargir et redresser les idées que nous avaient léguées nos prédécesseurs. Pour chacun de ces enseignemens, M. Edwards ne s’est jamais tracé de cadre absolu. Nous l’avons vu nous-même remanier chaque année le cours de l’année précédente, cherchant sans cesse à perfectionner, à découvrir quelque nouveau joint, et de ce travail incessant, fécondé par le savoir personnel, est résultée une érudition solide et éclairée à laquelle rendent justice de nombreux et assidus auditeurs.

C’eût été grand dommage que les résultats d’un semblable labeur disparussent avec celui qui a su les acquérir. Heureusement M. Edwards devait obéir à la logique de tout esprit vraiment élevé, et