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plus qu’un seul. C’est beaucoup gagner en simplicité, mais enfin ce n’est pas le dernier mot de l’énigme, que sans doute nous ne saurons jamais.

Il ne faudrait pas conclure de mes paroles que je ne fais aucun cas des spéculations métaphysiques. Il n’y a rien à négliger ou à sous-évaluer (qu’on me passe ce mot anglais) dans le domaine de l’intelligence. Seulement il ne faut pas vouloir faire de la physique avec des spéculations purement philosophiques. Descartes et les profonds penseurs qui l’ont précédé ont montré l’impuissance de l’esprit humain quand il s’agit de deviner la nature. Trop heureux encore celui qui sait modestement la comprendre en l’étudiant avec de grands efforts, en suivant la méthode baconienne de l’induction et de la vérification expérimentale des prévisions théoriques! Cette marche d’aveugle qui avance en tâtonnant des pieds et des mains, qui ne fait un pas nouveau qu’après s’être assuré dans le pas précédent, semble au premier abord être peu noble. C’est l’antagonisme de l’école d’Aristote contre celle de Platon, ou bien celui de Newton contre Descartes. A en juger par les succès obtenus, la victoire est au camp des expérimentateurs.

La métaphysique et la philosophie ont assez à faire dans leur propre domaine sans qu’on les appelle sur un terrain qui n’est pas le leur. Et d’ailleurs ce n’est pas leur donner une fâcheuse exclusion que d’adopter la méthode d’induction, qui est au fond tout aussi philosophique que la méthode que j’appellerai divinatoire. Je finirai par ces belles paroles d’Aristote : « La philosophie, prenant l’intelligence pour guide, a contemplé les objets célestes les plus distans de nous, et a osé y aller chercher la vérité. » C’est cette recherche de la vérité que Pythagore, qui inventa et prit le nom de philosophe (alors titre de modestie), déclarait être celle de toutes les tendances de l’esprit humain qui le rapproche le plus de la Divinité. Pour parler plus simplement encore, rappelons cet apologue oriental : « Quand Dieu eut privé l’esprit humain de la science infuse qu’avait indubitablement possédée notre premier père Adam, l’ignorance s’applaudit et espéra régner sans obstacle; mais son triomphe ne fut pas absolu, car Dieu, en retirant la science à l’homme, lui laissa la curiosité. »

il reste à exposer les résultats des actions électriques et magnétiques quand elles se déploient dans le vaste champ de la météorologie, pour laquelle le globe entier n’est qu’un immense laboratoire ou cabinet de physique, et dont tous les phénomènes sont les expériences de physique de la nature. Ce sera l’objet d’une prochaine étude.


BABINET, de l’Institut.