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tionnellement très cher à l’état. La morale est également intéressée à ce que le lien conjugal, les liens de famille se trouvent maintenus. Enfin, les hôpitaux et les hospices étant par cette mesure exonérés du superflu des malades et des vieillards qui les encombrent sous le régime actuel, il serait plus aisé de pourvoir à tous les besoins et de réaliser certaines améliorations dans les services. Il suffit d’indiquer ces vues, qui donnent à l’ouvrage du docteur Hubert un intérêt de nouveauté. C’est un médecin qui plaide la cause des souffrances humaines, qui les a observées de près, et qui dans ses études courageuses ne sépare pas le point de vue scientifique des devoirs du moraliste.

V. DE MARS

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ESSAIS ET NOTICES.


LA CRÉATION

ET LES QUATRE GRANDS PRINCIPES DE LA NATURE.
Esse, vivere, sentire, intelligere.

La matière, la vie, l’instinct, l’ame.

(Ignace de Loyola, Exercices spirituels.)

J’ai dit et j’ai répété dans la Revue des Deux Mondes et ailleurs, dans des écrits et dans des discours publics, que la nature nous offre quatre ordres de principes d’une essence distincte : l’être simple ou la matière douée de propriétés mécaniques, physiques et chimiques ; la vie ou l’organisation dans les végétaux, les animaux et les races humaines ; l’instinct et la volonté dans l’animal et dans l’homme ; enfin l’âme ou le principe pensant et intelligent dans l’homme seul. En suivant les règles de la méthode expérimentale, qui admet les êtres comme distincts lorsque l’observation nous fait reconnaître en eux des différences fondamentales, j’ai insisté pour faire établir dans la nature quatre règnes, savoir : le règne minéral ou inorganique, le règne végétal possédant la matière et la vie, le règne animal qui joint à ces deux principes celui de l’instinct, et enfin le règne humain ou intellectuel qui, avec les trois principes constitutifs du règne animal, offre encore le principe de l’intelligence ou l’âme, définie expérimentalement ce que possède la race humaine à l’exclusion des animaux. Bien des personnes ont contesté cette classification et ces quatre règnes. D’autres, en les admettant, les ont fait remonter à la forte dialectique des écoles théologiques anciennes. Peu m’importe, pourvu qu’on les admette. Un docte théologien qui a bien voulu m’adresser des renseignemens sur cette importante matière me cite cet axiome de l’école : Esse cum mineralibus, vivere cum plantis, sentire cum animalibus, intelligere cum homine (avoir l’existence pure et simple comme les minéraux, la vie comme les plantes, le sentiment comme les animaux, l’intelligence comme l’homme). J’avais retrouvé ces distinctions sur l’essence des êtres que nous présente la nature bien établies dans les ouvrages