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plus loin des idées juives que de parler de la loi à des étrangers. Les Juifs sont traités avec un grand mépris par les satiriques romains. On voit cependant par le témoignage de ces poètes eux-mêmes que ce qu’ils appellent la superstition juive était très répandue dans la ville des césars. Le fâcheux d’Horace parle de sa dévotion au sabbat, et à la un de la cinquième satire de Perse est une description curieuse de la célébration du sabbat dans les rues de Rome.

Malheureusement le récit qu’avait fait Tacite de la prise de Jérusalem, à laquelle se rapporte l’arc de Titus, est perdu; mais ce qu’il dit de cette singulière nation est remarquable. Si Tacite, en vrai Romain, veut tout rattacher aux traditions du polythéisme, l’émigration des Juifs, par exemple, à l’avènement de Jupiter, il sait le nom de Moïse, que connaît aussi Juvénal, le séjour des Hébreux en Égypte, leur fuite dans le désert, et même l’eau jaillissant miraculeusement du rocher. Parmi beaucoup d’erreurs et de calomnies, il a écrit sur les Juifs ceci : « Entre eux, une fidélité invincible, une charité toujours active; contre le reste du monde une haine indomptable. » L’histoire morale du peuple juif n’est-elle pas dans cette phrase de Tacite?

Une tradition dont je n’ai pu découvrir l’origine veut que le chandelier aux sept branches ait été jeté dans le Tibre par Maxence près de Ponte-Molle le jour de la mémorable bataille qui donna le monde au christianisme. Pour retrouver un tel trésor, il vaudrait la peine de fouiller le Tibre; mais je ne conçois pas pourquoi le païen Maxence aurait emporté de Rome avec lui cet objet sacré. De plus, Procope nous dit que les vases d’or du temple existaient encore au temps de Bélisaire, que Bélisaire les prit à Gélimer, qui les avait enlevés, et le chandelier aux sept branches était probablement avec les vases d’or. Je ne pense donc pas qu’il y ait espoir de le repêcher dans le Tibre.

Le règne de Titus fut marqué par de grandes calamités; elles lui fournirent l’occasion de montrer du zèle pour la chose publique et une préoccupation bienveillante du sort des citoyens. Alors eut lieu cette célèbre éruption du Vésuve qui engloutit Herculanum et Pompéi, et dont nous voyons encore aujourd’hui plus que les traces, on peut dire la présence, dans la cendre et la lave sous lesquelles gisent ces villes que le terrible événement a laissées comme elles étaient au moment où il les a frappées. Nulle part on n’observe mieux l’antiquité surprise et saisie pour ainsi dire toute vivante. Une visite à Pompéi est un complément nécessaire au voyage historique que nous faisons dans l’antiquité romaine. Stace disait : « La race future le croira-t-elle, quand elle verra ici d’autres moissons croitre sur des villes et des populations enfouies? » Pour voir ce que Stace doutait qu’on pût croire, il suffit d’aller à Portici.