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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/384

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rapide essor, et pour le seul port de Calcutta, la valeur des importations en cotons et filés, en 1830-31, s’élevait déjà à 6,024,346 roupies. Aujourd’hui cet article, qui figurait à peine il y a quarante ans dans les transactions de la métropole et des domaines de la compagnie, y tient la première place, et la valeur moyenne des importations annuelles au port de Calcutta pendant les cinq dernières années atteint le chiffre magnifique de 25,473,300 roupies. La place de Bombay offre aussi un débouché considérable aux fabriques de Liverpool et de Manchester, et pendant l’année 1853-54 la valeur des cotons d’origine anglaise importés sur ce dernier marché s’élevait à 20,225,250 roupies. En tenant compte des importations au port de Madras, qui s’élèvent annuellement à plus d’un demi-million sterling, des marchés de Rangoon et d’Akyab, à peine connus hier et déjà intéressans, l’on peut évaluer à plus de 125 millions de francs le tribut que les possessions de la compagnie des Indes paient à la seule industrie des cotons et filés de la métropole.

La circulation et la consommation des métaux précieux dans l’univers sont des questions auxquelles les découvertes des gisemens d’or de la Californie et de l’Australie ont donné un trop grand intérêt d’opportunité pour que nous n’effleurions pas, au point de vue de l’Inde anglaise, un problème dont les économistes n’ont pu encore poser les conditions bien définies. Les métaux précieux ont de tout temps joué un rôle considérable dans le commerce de l’Inde, et, chose digne d’être notée, de tous les articles d’importation et de consommation, c’est peut-être celui qui a subi les réductions les plus sensibles. La moyenne en effet des importations annuelles en métaux précieux, déduction faite des exportations, s’élevait à Calcutta, pour les dix années 1813 à 1824, à 2 millions 1/2 sterling, tandis que celle des cinq dernières années est seulement de 13,071,486 roupies, moins d’un million 1/2 sterling. Que l’on explique cette diminution en disant qu’il y a trente ans les souverains indépendans de l’Inde étaient armés d’un pouvoir qu’ils n’ont plus aujourd’hui, et dont ils se servaient pour accumuler de fabuleux trésors, ou bien encore en faisant la part du développement que les importations de marchandises d’origine étrangère, anglaise surtout, ont pris sur les divers marchés de l’Inde : le fait de la diminution des importations en métaux précieux, inscrit sur les statistiques officielles, s’est révélé par une crise monétaire qui, pendant ces deux dernières années, a affligé les chefs-lieux commerciaux des trois présidences. Sans doute des mesures financières inhabiles et inopportunes, sinon déshonnêtes, ont jeté la défaveur sur les valeurs publiques de l’Inde, les besoins des nouveaux marchés du Pégu et d’Akyab ont absorbé une quantité importante de numéraire, enfin les bases étroites des institutions de crédit