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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/401

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lesley il fallut solder les dépenses de guerres contre le sultan Tippoo et les Marhattes, et le chiffre de la dette publique, successivement accrue, atteignit en 1805 25,626,631 livres sterl. Pendant un espace de quinze ans, un état d’équilibre s’était établi entre les recettes et les dépenses du gouvernement de l’Inde, quand en 1825 la guerre contre les Birmans vint de nouveau vider les coffres du trésor public et augmenter la dette de près de 10,000,000 de liv. sterl. L’administration pacifique et réformatrice de lord William Bentinck porta les finances indiennes à un haut degré de prospérité, que ne purent maintenir ses successeurs, engagés dans une série continue de travaux militaires de la plus haute importance. Les guerres de l’Afghanistan, de la Chine, puis les deux guerres du Punjab, creusèrent un déficit constant dans le trésor de la compagnie, et les emprunts successifs auxquels on eut recours pour les combler amenèrent en 1849 la dette publique de l’Inde au chiffre de 47,151,018 livres sterl. Depuis lors, un nouvel emprunt de 2 millions sterling, ouvert en mars 1855, a porté le total de la dette publique de l’Inde à 50 millions sterling. Cette opération financière a soulevé les critiques les plus sévères, soit dans la presse anglaise, soit dans le parlement. Ne doit-on pas, en effet, s’étonner que le même gouvernement qui en 1853 laissait ou faisait imprimer dans son journal semi-officiel, the Friend of India, qu’un surplus de revenu s’accumulait incessamment dans ses coffres, et s’appuyait de cette apparente prospérité pour justifier une conversion des rentes, soit réduit, deux ans plus tard, à l’expédient d’ouvrir un emprunt à des conditions onéreuses (5 pour 100 d’intérêt et quinze ans de garantie), et cela non pas, comme on l’a dit, pour faire face à des dépenses imprévues de travaux publics, mais bien pour remplir le vide de son trésor? Discuter plus au long ces transactions, ce serait sortir des limites de cette étude, et nous terminerons ces détails en regrettant que le gouvernement de la compagnie ait fait tort à son crédit par une double opération financière entachée d’imprudence, d’inhabileté, sinon de mauvaise foi.

En parlant de l’administration et de l’armée de l’honorable compagnie, nous avons eu occasion de dire quelques mots de l’admirable débouché que le service anglo-indien offre à la jeunesse anglaise. Il ne sera peut-être pas hors de propos d’entrer dans quelques nouveaux détails à ce sujet, et de donner approximativement la part de lion que les classes moyennes de l’Angleterre s’attribuent dans le budget de l’Inde. Avant d’aller plus loin, et pour bien expliquer le but et la portée de ces recherches, nous croyons devoir émettre quelques observations générales d’une véracité incontestable. Il est un sentiment commun qui perce dans toutes les appréciations que nos voisins d’outre-mer, même les plus intelligens, portent sur