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LES


GRANDS SERMONNAIRES


FRANÇAIS





On peut dire de l’oraison funèbre qu’elle commence et finit avec Bossuet. Il n’a eu comme orateur, en ce genre d’éloquence inouïe jusqu’à lui, ni devanciers, ni émules, ni successeurs. Il n’en est pas de même du sermon. Non-seulement Bossuet n’en a pas pris toute la gloire; mais, selon certains juges, il n’y serait même pas le premier. L’histoire du sermon a trois époques, marquées par trois grands noms, Bossuet, Bourdaloue, Massillon. J’essaierai de caractériser ces trois époques et de peser ces trois noms.

Il y faut mettre beaucoup de candeur, et avouer tout d’abord dans quelle mesure nous sommes compétens pour apprécier l’art du sermon.

Le sermon se compose de deux parties distinctes : le dogme et la morale. Dans le dogme, il faut comprendre les mystères, la doctrine de l’église sur toutes les questions de foi, l’histoire des personnes divines, les vies miraculeuses des saints, La morale comprend à la fois la règle des mœurs du chrétien et la peinture de l’homme tel que le christianisme l’a expliqué.

Nous ne sommes pas très bons juges de la première partie, et je le dis de ceux surtout qui se croiraient le droit d’en parler légèrement. A beaucoup d’entre nous il manque la foi; il nous manque à tous la science de la religion. Nous ne sommes plus au temps où les livres de théologie étaient les lectures populaires, et où le prince de