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naissances multipliées dont les provinces de l’Amérique centrale ont été le théâtre? C’est ce que nous croyons opportun d’examiner. Dans des études si difficiles, l’intérêt, l’engouement, la rareté des renseignemens exacts n’ont que trop contribué à propager et à entretenir de fâcheuses illusions. S’il est malaisé de recueillir des données précises sur la partie en quelque sorte purement technique de ces projets, il l’est peut-être encore plus d’apprécier à leur juste valeur les changemens que l’ouverture des nouvelles voies de communication amènerait dans le mouvement général du trafic. Les courans commerciaux se déplacent ou se détournent d’après des lois parfaitement rigoureuses, mais sous des influences si complexes que les plus habiles peuvent s’y tromper. Trop souvent on s’est inquiété assez peu d’évaluer avec une rigueur suffisante ces données économiques, et l’on s’est borné à asseoir quelques calculs sur des indications statistiques incomplètes. Heureusement les projets se sont multipliés avec une telle rapidité, qu’il est aujourd’hui devenu possible de formuler un jugement à peu près définitif sur la plupart des travaux commencés ou proposés; les observations des divers explorateurs ont été soumises au contrôle sévère de leurs rivaux; les erreurs les plus graves sont dissipées; enfin les résultats connus de l’exploitation du chemin de fer de Panama permettent de fonder sur une base plus solide les conclusions relatives à l’avenir économique des projets qu’on espère encore réaliser.

Les communications continentales entre l’Océan-Atlantique et L’Océan-Pacifique se relient forcément à une œuvre future de colonisation dont il est impossible d’apprécier encore l’étendue : le développement des richesses naturelles de contrées aujourd’hui inhabitées et soustraites à l’activité humaine jette dans cette solution des élémens tout nouveaux, dont le nombre et l’importance nous échappent. Quel œil assez clairvoyant saurait distinguer dans l’obscurité de l’avenir le point précis qui doit limiter un jour les forces productives et l’expansion envahissante des États-Unis? Qui pourrait déterminer par combien de liens seront rattachés, à travers le continent même, les états baignés par les deux océans? L’établissement d’une nouvelle voie de communication dans les provinces de l’Amérique centrale est dégagé de pareilles incertitudes : cette voie n’est destinée qu’à donner des facilités de plus à un mouvement commercial dont la nature est parfaitement connue ; comme elle n’amènerait aucun déplacement sensible dans les populations de l’ancien ou du nouveau continent, les conséquences qui doivent en résulter peuvent être renfermées dans des limites assez précises, et il n’est pas impossible dès à présent de les indiquer avec une exactitude suffisante. Les documens et les matériaux réunis sur les voies de communication projetées dans l’Amérique centrale sont