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pourrait devenir l’artère dans l’Amérique centrale, et de chercher à se rendre compte de la condition sociale, des besoins des peuples qui se trouvent engagés dans le commerce du Pacifique, de la nature des échanges qui s’opèrent entre eux. Cet examen a d’ailleurs encore aujourd’hui un autre intérêt, en ce qu’il peut aider à découvrir l’influence qu’exercerait l’ouverture d’un canal maritime américain sur les opérations commerciales de la grande voie qui unira peut-être un jour les eaux de la Mer-Rouge à celles de la Méditerranée.


I.

L’Amérique centrale présente des contours extrêmement irréguliers; elle forme dans son ensemble un isthme allongé qui joint les deux parties du Nouveau-Monde, et qui, de Vera-Cruz à Panama, n’a pas moins de cinq cents lieues de long. Le continent de l’Amérique du Nord se resserre de plus en plus à mesure qu’on avance vers les parties méridionales de la province de Mexico : le point où il devient le plus étroit est connu sous le nom d’isthme de Tehuantepec. Au-delà, le continent s’élargit de nouveau pour former la vaste province de Guatemala et celle du Yucatan, dont la pointe avancée sépare le golfe du Mexique de la Mer des Antilles. Cette région est la partie de l’Amérique centrale qui présente la plus grande largeur, et qui est restée naturellement en dehors des explorations provoquées par les projets de jonction des deux océans. Quand on la dépasse et qu’on se dirige vers l’Amérique du Sud, on traverse successivement les états d’Honduras, de Nicaragua, de Costa-Rica, et la Nouvelle-Grenade. Le continent devient de plus en plus resserré, et cette dernière province, où se trouvent les isthmes fameux de Panama et de Darien, ne forme plus qu’une véritable langue de terre, quand on la compare aux surfaces immenses occupées par le Mexique et les États-Unis.

Les parties de l’Amérique centrale où l’on a étudié des tracés de canaux et de chemins de fer sont au nombre de cinq : l’une met l’Océan-Pacifique en rapport avec le golfe du Mexique, les quatre autres avec la Mer des Antilles. Ces divers points sont, du nord au sud, l’isthme de Tehuantepec, l’état de Honduras, l’état de Nicaragua, l’isthme de Panama, l’isthme de Darien.

Le projet d’un canal à travers l’isthme de Tehuantepec remonte jusqu’à Fernand Cortez. Le célèbre conquérant avait entendu parler des Californies, qu’il prenait pour des provinces asiatiques, et avait songé à établir une ligne de communication avec ces régions privilégiées, que l’imagination des Européens remplissait de fabuleuses richesses. Pendant l’année 1814, avant que les colonies espagnoles