Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Océan-Pacifique, sont trop peu profondes pour qu’on pût les canaliser sans très grands Irais, au moins sur une partie de leur longueur, et il serait sans doute plus économique de creuser un canal sur toute la largeur de l’isthme; mais l’inconvénient le plus grave tient au relief du terrain : l’altitude du faîte qui sépare les deux océans atteint 170 pieds, et il paraît absolument impossible d’amener de l’eau en quantité suffisante au point de partage. M. Garella, que le gouvernement français avait, il y a quelques années, envoyé à Panama, avait hardiment admis la nécessité, pour traverser l’isthme, de creuser un tunnel gigantesque, assez grand pour que des vaisseaux matés pussent y passer.

Les dernières lignes que nous ayons à examiner sont celles qui traversent l’isthme de Darien. Depuis longtemps, ce point remarquable avait été signalé au gouvernement espagnol, et M. de Humboldt l’avait estimé supérieur à toutes les autres parties de l’Amérique centrale pour l’établissement d’un canal maritime. Malheureusement il a toujours été très difficile d’obtenir des renseignemens précis sur la topographie de cette partie de la Nouvelle-Grenade, habitée par des tribus d’Indiens indépendans et sauvages. On en sait pourtant assez pour avoir renoncé à quelques projets hâtivement conçus. La ligne de l’Atrato a dû être abandonnée, parce que, sur une longueur de plusieurs milles depuis la source, cette rivière est à sec pendant une grande partie de l’année. Le San-Juan, qui en est séparé par une distance de 3 milles environ, ne peut y envoyer de l’eau, comme on l’avait cru d’abord, car le lever topographique a fait voir qu’il est à 100 pieds plus bas. Une seconde ligne, proposée par voie du Napipi et du Bando, n’a pas donné de meilleurs résultats. Il semble donc impossible, comme on l’avait espéré, d’unir le golfe de Darien à la baie de Cupica. En 1850, M. Lionel Gisborne a étudié un nouveau projet de communication, dans l’isthme de Darien, entre la baie où se jette le Rio-Darien, et qui porte le nom de baie Saint-Michel, et, du côté de l’Océan-Atlantique, la baie de Calédonie. Il est à regretter que son rapport, un peu trop bref, ne permette pas d’apprécier exactement la valeur de ce nouveau plan. La ligne de faîte atteint, sur la voie qu’il propose, la hauteur de 150 pieds, la même environ qu’à Panama. M. Gisborne admet qu’on pourrait, en raison de la faible largeur de la chaîne, y faire une simple coupure, et unir les deux océans par un canal sans écluses. Il appuie, non sans raison, sur la difficulté de faire franchir des écluses à de très grands navires, sur la perte de temps qui en résulte; il serait d’ailleurs très difficile de fournir de l’eau à un canal écluse. Il faudrait former au point de partage, avec les eaux des rivières Savannah et Caledonia, deux lacs artificiels qui se rempliraient pendant la saison des pluies, et alimen-