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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/900

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pourrait renfermer dans son sein un membre et un représentant de chaque compagnie. D’ailleurs l’état, son bailleur de fonds, réserve dans toute son intégrité ses droits de contrôle ; ses intérêts et ceux des soldats sont identiques.


III. – LES CAMPS ET LES ABRIS.

Les trois camps de l’armée française étaient placés sur des sites élevés, dans d’excellentes conditions hygiéniques. L’air y circulait librement, la constance de la ventilation les purifiait. Toutefois l’enceinte en était trop exiguë ; les tentes se touchaient presque. Il eût fallu au contraire laisser entre elles un espace suffisant pour les changer souvent de place et assainir le sol, infecté par l’habitation. Pour les baraques, le mal était fait et restait irrémédiable. C’est une funeste habitude que d’agglomérer dans un petit espace les tentes et les baraques. En Crimée, l’intérêt de la défense pouvait nécessiter cette agglomération ; mais à Constantinople, loin du théâtre de la guerre, les baraques des camps, celles des hôpitaux, étaient trop rapprochées, et c’est à ce resserrement, qui entretenait le méphitisme, que l’on doit la persistance du choléra, les ravages de la pourriture d’hôpital et du typhus. Au médecin qui demande de l’espacement, on répond qu’il faut avant tout faciliter le service, et pour ménager quelques pas on viole les lois les plus simples et les plus importantes de la prophylaxie.

Le médecin trouve aussi que la situation des camps, même quand rien ne gêne la liberté du choix, n’est pas toujours heureuse. À Constantinople, un camp baraqué avait été établi à un kilomètre d’une plaine marécageuse. L’invasion de la fièvre intermittente l’a fait abandonner. On peut remarquer de plus que jamais deux camps, deux casernes, deux hôpitaux, ne sont créés sur le même modèle ; souvent un perfectionnement réel est remplacé par une innovation malheureuse. Il serait pourtant assez logique d’imposer un plan tracé par une commission qui se composerait d’officiers du génie et de membres du corps médical.

La permanence des camps amène rapidement l’infection. On ne peut toujours en changer l’assiette : en hiver, le sol trop détrempé empêche souvent d’opérer un déplacement ; d’autres fois les camps occupent des positions militaires qu’on ne saurait abandonner. Ce sont là des nécessités qu’il faut subir, mais à la condition de s’y soustraire dès qu’on le peut. La signature de la paix a permis de porter nos camps le long de la vallée de la Tchernaïa, sur un sol neuf, élevé, exposé à la brise de mer. Les officiers n’étaient pas contens