Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Si la faux t’effraie et te pèse,
Prends du moins ce râteau léger ;
Avec nous tu peux, à ton aise,
Faner l’herbe de ce verger.

Le goûter, au fond des corbeilles,
Va nous offrir, dans un moment,
Blanche crème et fraises vermeilles,
Et pain bis mêlé de froment.


FRANTZ


Là-haut, dans les pays où je veux aller vivre,
Il est des fleurs sans nom, il est des fruits divins,
Et du tronc de chaque arbre un miel qui vous enivre
Jaillit à flots plus purs que tous les vins.


BERTHE


Nos prés ont des fleurs aussi douces.
Essaie un jour de leur odeur.
Pose un peu sur ton front boudeur
Ces couronnes que tu repousses.

À côté de nous reste assis
Sur ces pelouses favorites ;
Laisse à nos fraîches marguerites
Effacer tes pâles soucis.

Pourquoi t’enfuir, à perdre haleiné,
Vers ces sommets, à l’horizon,
Quand on est si gai dans la plaine,
Quand le feu flambe à la maison ?

Voici la nuit, le ciel se couvre,
Le dernier char vient de partir ;
Vois, là-bas, la grange qui s’ouvre ;
L’éclair brille pour t’avertir.

Viens donc, un râteau sur l’épaule,
Comme nous, joyeux et chantant,
Respirer, sous l’ombre du saule,
L’odeur des foins que j’aime tant.

Les chars et les faucheurs sont rentrés à la ferme,
Sur le pré ras tondu le buisson se referme ;