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Dans le sillon de ses aïeux,
Et qu’on partage à ceux qu’on aime.


FRANTZ


C’est par toi que ces champs ont porté fruits et fleurs,
Ma belle ménagère.
Tu prends avec amour ta part de mes labeurs,
La mienne est plus légère.

Ces travaux sont moins durs que n’étaient mon repos,
Ma solitude oisive ;
Je sens, à tes côtés, mon cœur jeune et dispos ;
Ta gaîté me ravive.


BERTHE


Avant de trouver ton appui,
Mon cœur, sous sa gaîté frivole,
Succombait à ce vague ennui
Qu’une mère à peine console.

Mais aujourd’hui je sens par toi,
Sous l’on regard qui me caresse,
Un bonheur pur de tout effroi,
Calme et fort comme ta tendresse.

Sur les chars empourprés des derniers feux du jour,
Gerbes et moissonneurs sont rentrés dans la cour.
Déjà, dans l’avenue, en face de la grange,
Sonne la cornemuse, et la troupe s’y range.

Le plus vieux, qui maintient le rite coutumier,
À réglé le cortège et marche le premier.
Il porte, heureux trésor acquis par tant de peine,
La couronne d’épis sur une croix de chêne.
Un ruban d’écarlate enroule au bois grossier
Les fleurs que l’été mêle au froment nourricier,
Et l’emblème sacré de joie et d’abondance
Du travail et de Dieu parle avec évidence.

On part ; la voix éclate, et les vieilles chansons
Escortent noblement le bouquet des moissons.
Le soir dore les murs de la ferme qui brille.
Là, debout sur le seuil, le père de famille
Attend paisible et fier tout son peuple assemblé,
Et reçoit dans ses mains les prémices du blé.