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Serpe en main, sous l’arbuste a posé son panier.
Honte à qui reste en route et finit le dernier !
Les rires, les clameurs stimulent sa paresse.
Aussi, comme chacun dans sa gaîté se presse !
Presqu’au milieu du champ, déjà brille, là-bas,
Plus d’un rouge corset entre les échalas.
Voici qu’un lièvre part ; on a vu ses oreilles.
La grive au cri perçant fuit et rase les treilles.
Malgré les rires fous, les chants à pleine voix,
Tout panier s’est déjà vidé plus d’une fois,
Et bien des chars, ployant sous l’heureuse vendange,
Escortés des enfans, sont partis pour la grange.

Au pas lent des taureaux, les voilà revenus,
Rapportant tout l’essaim des marmots aux pieds nus.
On descend, et la troupe à grand bruit s’éparpille,
Va des chars aux paniers, revient, saute et grapille,
Près des ceps oubliés se livre des combats.
Qu’il est doux de les voir, si vifs dans leurs ébats,
Préludant par des pleurs à de folles risées,
Tout empourprés du jus des grappes écrasées !


BERTHE


Vois ces garçons frais et joyeux ;
Le plus beau, c’est encor le nôtre ;
Comme il sourit de ses grands yeux !
Comme il nous cherche l’un et l’autre !

Depuis que Dieu me l’a donné
Ce fils, ta souriante image,
Je crois, dans mon cœur étonné,
Que je t’aime encor davantage.


FRANTZ


Oui, notre âme agrandie est plus pleine d’amour ;
Dieu nous a fait largesse.
Ma maison et mon cœur ont reçu dès ce jour
La suprême richesse.

Sois bénie à jamais avec ton fruit charmant,
O branche maternelle !
Viens t’enlacer au cou du père et de l’amant,
Viens tous les jours plus belle !