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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/518

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au sujet de diverses questions qui se trouvent développées dans la lettre du président des États-Unis. Trois copies de cette lettre, ainsi que trois copies de la lettre de créance du soussigné, en anglais, en hollandais et en chinois, sont annexées à la présente. — L’original de la lettre du président et celui de la lettre de créance seront présentés par le soussigné en personne lorsque votre majesté aura daigné fixer un jour pour le recevoir. — Le soussigné a été chargé de faire connaître que le président est animé des sentimens les plus amicaux à l’égard du Japon, mais qu’il a été surpris et peiné d’apprendre que les citoyens des États-Unis, lorsqu’ils se rendent volontairement ou sont jetés par la tempête dans les domaines de votre majesté, sont traités comme s’ils étaient vos plus cruels ennemis. — Le soussigné se réfère à ce qui s’est passé pour les navires américains Morrison, Lagoda et Lawrence. — Les Américains, de même que toutes les nations chrétiennes, considèrent comme un devoir sacré d’accueillir avec bienveillance, de secourir et de protéger tous les naufragés qui abordent leurs côtes, à quelque nation qu’ils appartiennent, et telle a été la conduite des Américains à l’égard de tous les sujets japonais qui ont eu besoin de leur protection. — Le gouvernement des États-Unis désire obtenir de celui du Japon l’assurance positive que les étrangers qui désormais seront jetés par un naufrage sur les côtes du Japon, ou qui chercheront dans les ports de cet empire un refuge contre la tempête, seront traités avec humanité.

« Le soussigné est chargé d’expliquer aux Japonais que les États-Unis ne sont liés avec aucun gouvernement d’Europe, que leur législation n’intervient en aucune manière dans les affaires religieuses de leurs propres nationaux, et qu’à plus forte raison elle n’a rien à voir dans les affaires religieuses des autres pays. — Les États-Unis occupent un vaste territoire qui s’étend entre le Japon et l’Europe, et qui a été découvert par les Européens à peu près vers le même temps où ceux-ci ont pour la première fois visité le Japon. La portion du continent américain qui est la plus voisine de l’Europe a été d’abord cultivée par des émigrans venus de cette partie du monde, et sa population, après s’être promptement répandue sur la surface du territoire, est arrivée jusqu’aux rives de l’Océan-Pacifique. Nous avons maintenant de grandes cités d’où nous pouvons, à l’aide des navires à vapeur, nous rendre au Japon en dix-huit ou vingt jours ; notre commerce avec toute cette partie du globe s’accroît rapidement, et les mers du Japon seront bientôt couvertes de nos navires.

« C’est pourquoi, la distance qui séparait les États-Unis et le Japon devenant moindre chaque jour, le président désire nouer des relations pacifiques et amicales avec votre majesté ; mais il n’y aurait point d’amitié durable, si le Japon ne cessait point de traiter les Américains comme s’ils étaient ses ennemis. Quelque sage qu’ait pu être dans l’origine cette politique, elle est devenue imprudente et impraticable depuis que les rapports entre les deux pays sont plus aisés et plus rapides.

« En présentant ces argumens, le soussigné espère que le gouvernement japonais comprendra la nécessité d’éviter tout conflit entre les deux nations, et acueillera les propositions sincères d’amitié qui lui sont faites. La plupart des grands navires de guerre qui doivent visiter le Japon ne sont pas encore arrivés dans ces mers ; ils sont attendus d’un moment à l’autre. Le soussigné,