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ce sac kyste primitif, par opposition au kyste définitif qui s’organise autour des balles, lorsque, abandonnées à elles-mêmes et laissées à demeure, elles prennent droit de cité au milieu de nos tissus. Ces hôtes singuliers peuvent séjourner à tout jamais dans leur kyste et rester à peu près inoffensifs. D’autres fois la pression exercée sur le kyste parle poids du plomb l’irrite, le ramollit ; la balle s’ouvre un passage de proche en proche, le vide se ferme graduellement derrière elle par un travail de cicatrisation qui la pousse à son tour, et elle se met à voyager. Sa marche est lente, presque inaperçue. Seulement, au bout de quelques années, une balle qui était au bas des reins se retrouvé près du talon.

Les plaies par armes à feu, étant essentiellement contuses, déterminent une forte réaction inflammatoire, qui, pouvant, à travers une série d’accidens, amener la gangrène, réclamé souvent une médication énergique. En ce cas, le froid, la glace, que j’ai introduite dans le traitement des blessures, me paraît le meilleur agent thérapeutique. L’illustre Percy se servait de l’eau froide pour guérir les plaies d’armes à feu ; j’avais suivi son exemple, et les beaux résultats que j’obtenais m’ont engagé à faire une étude approfondie de l’action des réfrigérans. Quand l’inflammation dépasse certaines limites, l’eau froide est insuffisante ; il faut recourir alors à la glace, soit seule, soit même mélangée de sel marin pour augmenter l’intensité du froid, que l’on gradue selon la violence de l’inflammation traumatique. La glace ne doit jamais être en contact immédiat avec les tégumens. On commence par mettre sur la partie enflammée une simple compresse de toile trempée de temps à autre dans l’eau froide ; on dépose ensuite dans les plis des morceaux de glace. Si la réfrigération ne procure qu’un soulagement médiocre sans anéantir une sensation de brûlure profonde et douloureuse, si, selon l’expression, des malades, la glace semble s’échauffer, il faut augmenter le froid par l’addition du sel marin. Au reste, rien n’est plus facile que d’éviter l’abus des réfrigérans et les accidens qui en seraient la suite. Le contact du froid sur une partie enflammée détermine des sensations agréables, un soulagement non équivoque. Ces sensations sont des guides infaillibles, qu’on doit soigneusement interroger. Les réfrigérans sont continués tant qu’ils amènent du bien-être, et supprimés graduellement dès qu’ils font naître une désagréable impression de froid humide. Cette impression se produit dès que le foyer pathologique s’éteint ; elle irait jusqu’à la plus vive douleur si l’on ne retirait la glace, qui soutirerait alors du calorique normal. Le malade est donc le meilleur juge à consulter. Cependant le médecin, avant l’application de la glace, doit apprécier l’état général du blessé. S’il trouve une constitution affaiblie par les fatigues