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anciens n’ont pas brillé dans les sciences d’observation. La météorologie les a forcés de voir quelques-uns des effets de l’électricité dans la nature. Les phénomènes de la foudre entre autres n’ont pu leur rester inconnus, et les aruspices étrusques savaient, dit-on, soutirer et détourner ce terrible météore. C’est en se livrant à une opération de ce genre que Tullus Hostilius, l’un des premiers rois de Rome, fut foudroyé pour avoir mal suivi les règles établies. Plusieurs de nos électriciens modernes, Musschenbroëk, Romas et Charles, ont frappé des animaux d’étincelles foudroyantes dérobées aux nuages orageux. La même expérience fut faite sans doute en Étrurie, et on tua par ce procédé un monstre qui faisait de grands ravages dans la contrée, et qui, chose singulière, portait le nom de Volta. Les aigrettes électriques qui se montrent en temps d’orage sur les pointes aiguës et proéminentes des corps avaient été observées, et les marins connaissaient sous le nom de Castor et Pollux ou sous celui d’Hélène ce qu’on appelle aujourd’hui le feu Saint-Elme. César rapporte que les javelots de la cinquième légion avaient spontanément paru en feu. Tout cela était de l’électricité dans la nature ; mais en supposant qu’on eût saisi l’analogie de ce phénomène avec les pétillemens que produisent parfois les corps frottés, on aurait compliqué la question au lieu de la simplifier, puisqu’on aurait eu plusieurs effets divers à expliquer à la fois. Ce n’est pas ainsi que la nature livre ses secrets ; elle en est bien plus avare. La science est comme la richesse : elle se glane, elle ne se moissonne pas.

Au milieu du XVIIe siècle, Otto de Guéricke, l’auteur de la machine pneumatique, fit aussi une machine électrique avec un globe de soufre gros comme la tête d’un enfant, qui tournait rapidement et qui était frotté par un petit coussin ou par la main bien sèche. Il obtint des quantités assez considérables d’électricité ; mais ce ne fut que quand Gray et Wheler eurent trouvé le moyen de conserver l’électricité sur les corps, en les posant sur des supports qui ne la laissaient pas s’écouler, qu’on fut vraiment en possession de cet agent physique si singulier.

Le verre, la soie, la résine, la gomme laque, le soufre aussi bien que l’air sec, ont la propriété d’arrêter l’électricité et de s’opposer à sa déperdition. Que de temps avant d’arriver à ce beau résultat ! que d’expériences pour confirmer cette propriété ! La machine d’Otto de Guéricke fut construite sur un plus, grand modèle, et on y employa des globes de verre d’une grande dimension au lieu de globes de soufre. Le corps humain tout entier put être chargé d’électricité, et l’abbé Nollet se vante d’être le premier qui ait tiré une étincelle d’un individu isolé sur des supports de verre ou porté par des cordons de soie. En plaçant une forte planche carrée sur quatre bouteilles neuves et bien sèches, nos aïeux, qui ne connaissaient pas