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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/954

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dans la stratégie parlementaire. Le parti connu sous le nom d’union libérale n’a que deux représentais, dont l’un est M. Rios Rosas, élu dans la province de Malaga malgré les efforts des agens du ministre de l’intérieur. Il faudrait ajouter encore un petit groupe absolutiste. Au milieu de ce fractionnement des opinions, le gouvernement ne conserve pas moins une majorité considérable, et il sera surtout servi par les souvenirs de la dernière révolution, facilitée, préparée, déterminée par les divisions : du parti conservateur. L’autorité du général Narvaez fera le reste.

Il y a, il est vrai, dans la situation politique de l’Espagne un autre nuage, un autre danger, et ce danger est au sénat. Ce danger ne consiste pas même dans une hostilité possible de la haute chambre, hostilité qui pourrait dans tous les cas être désarmée ou neutralisée par la nomination de nouveaux sénateurs ; il tient à un incident qui préoccupe Madrid depuis quelque temps déjà. Le général O’Donnell est décidé, dit-on, à donner dans le sénat sur sa situation, sur son rôle pendant la révolution, sur tous les derniers événemens politiques en un mot, des explications qui ne le toucheraient pas lui seul, qui seraient en quelque sorte l’histoire du parti modéré depuis 1852, et qui tendraient à impliquer le général Narvaez lui-même dans une espèce de solidarité morale avec les chefs du soulèvement militaire de 1854. Le général O’Donnell a été irrité de se voir accusé d’être un révolutionnaire ; il a été surtout froissé, on peut le croire, de la façon dont il a été évincé du pouvoir au mois d’octobre dernier. Il prétend prouver qu’il n’a jamais été l’ennemi de la monarchie ni de la dynastie actuelle, que dans le mouvement de 1854 il n’a fait qu’exécuter un plan concerté d’avance, et dont quelques-uns des auteurs se seraient retirés au moment le plus périlleux. Il est facile de prévoir à quelles conséquences pourraient conduire des discussions engagées sur ce terrain brûlant. Ce serait une lutte corps à corps entre le général O’Donnell et le duc de Valence, principalement mis en cause. Aussi toutes les influences pacificatrices se sont-elles employées à calmer O’Donnell, a préparer un rapprochement entre les deux généraux ; mais jusqu’ici O’Donnell a persisté avec une ténacité singulière. On voit que le cabinet actuel de Madrid se trouve en présence de difficultés de diverse nature ; il a tout à la fois à lutter contre l’éparpillement du parti modéré, qui n’a point réussi encore à se reconstituer, contre des rivalités, contre la menace de discussions personnelles irritantes, et peut-être est-il lui-même un peu divisé. Il a été un instant question de la retraite du général Lersundi et du ministre des finances, M. Barzanallana. Malgré tout cependant, il ne faut voir sans doute dans ce pénible travail qu’un moment de crise qui finira le jour où les cortès s’ouvriront. Ce jour-là, le parti modéré sentira le besoin de resserrer ses rangs et de se grouper autour du général Narvaez, dont l’autorité et la vigueur ne sont point de trop pour ramener l’Espagne à une situation complètement régulière. Le général Narvaez a commencé cette œuvre en appelant les chambres ; c’est aux cortès maintenant de lui prêter leur appui et de marcher résolument au but sous ce chef éminent. ch. de mazade.


— Une femme d’élite connue par des écrits très distingués, Mme la comtesse de Bagréef-Spéranski, est morte à Vienne le 4 avril. On n’a pas oublié sans doute les intéressantes esquisses dans lesquelles Mme de Bagréef-Spé-