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L’église est divine, et la société humaine. La nature déchue ayant besoin, pour être réconciliée, de la foi, de la grâce et de Dieu, la communion des saints ou l’église n’est que la réunion de ceux qui sont ainsi régénérés, et le pouvoir de régénération, c’est-à-dire le pouvoir de donner la pénitence et Jésus-Christ, est le pouvoir éminent du sacerdoce. Tous les pouvoirs de l’église sont d’une nature plus ou moins mystique comme celui-là. Il s’ensuit que toute assimilation, toute union de sa puissance à la puissance temporelle est une hérésie ; toute intrusion de la force dans le cercle de son autorité tout intérieure et toute morale est un sacrilège. Cette puissance ou cette autorité a été donnée à Pierre, et dans la personne de Pierre à l’église, d’où il-résulte que Pierre n’a rien reçu que l’église n’ait reçu. Lors donc que l’on attribue à la papauté autre chose qu’une primauté nominale, ou un pouvoir exécutif, pure délégation de la société chrétienne, on introduit au sein de cette dernière la tyrannie, et avec la tyrannie mille erreurs originaires de Rome. M. Bordas Demoulin ne craint pas de qualifier ainsi les indulgences, l’invocation des saints, le culte de Marie, et surtout la doctrine de l’infaillibilité, et il conclut que toute résistance à ce pouvoir usurpé et à ses effets a été utile ou légitime. C’est dire qu’il prend sous sa défense le gallicanisme, le jansénisme, et que, bien que très opposé aux dogmes particuliers du protestantisme, il est porté à excuser et même à justifier les protestans. Ses idées d’indépendance à cet égard vont jusqu’à soutenir que la puissance spirituelle ayant été donnée à l’église, c’est-à-dire à toute la société chrétienne, les évêques, égaux des papes au spirituel, doivent être, dans les matières importantes et générales, assistés d’un conseil de prêtres, et que ceux-ci à leur tour ne peuvent se passer du concours des simples fidèles. Ainsi les conciles doivent être composés de trois états, les évêques, les prêtres, les laïques. Telle est la réforme à laquelle il aspire pour l’église, et en même temps il lui conseille de se ran-

    fort bien dire : Le vicomte de Bonald a dit, mais non pas de Bonald a dit. Il faut dire : Bonald a dit….. Vous êtes donc obligé de dire : « Enfin M. (Maistre) a paru, etc., (citation de l’écrivain auquel il adresse cette observation). » L’exception même en faveur des noms qui commencent par une voyelle n’est pas une règle absolue. On peut très bien dire avec Boileau :

    Un bruit s’épand qu’Enghien et Condé sont passés,

    ou

    Et ses arrêts par Arbouville
    Sont à plein verre exécutés ;

    mais les romanciers modernes, croyant très faussement prendre le ton aristocratique, ont changé tout cela, et pour les imiter il faudrait dire : De Richelieu fut un grand ministre, de Condé a gagné la bataille de Rocroy, de Voltaire est l’auteur de Zaïre, et de Montesquieu a écrit l’Esprit des Lois.