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comme matière obligée de sermons et de lectures édifiantes, et leurs écrits n’étaient pour la plupart que de longues dissertations morales, émaillées de citations plus ou moins nombreuses. Quant aux immenses travaux dont les livres saints ont été l’objet en Allemagne depuis soixante ans, s’ils n’étaient pas tout à fait inconnus aux États-Unis, ils y étaient peu compris et peu goûtés. Une véritable révolution s’est enfin accomplie, il y a trente ans, dans les études théologiques. Elle a été l’œuvre de deux hommes et d’une revue. Edward Robinson, né dans la Nouvelle-Angleterre en 1796, se destina de bonne heure au ministère sacré. Après avoir terminé une éducation brillante, il s’appliqua tout entier à l’étude de la théologie et des antiquités judaïques. Doué d’une volonté peu commune et d’une incroyable puissance de travail, il épuisa bientôt, dans un labeur sans relâche, toutes les ressources que les États-Unis offraient à l’instruction d’un hébraïsant ; il recourut alors aux travaux de l’érudition allemande, qui lui devinrent promptement familiers. Appelé malgré sa grande jeunesse à professer au séminaire d’Andover, dont il devait faire la première école théologique des États-Unis, il enflamma de son ardeur les jeunes disciples qui se pressaient autour de lui. Il publia coup sur coup divers écrits qui furent lus avidement dans les universités de la Nouvelle-Angleterre, et provoquèrent des travaux analogues. Le mouvement imprimé par Robinson fut secondé par son ami Moses Stuart, auteur de savans ouvrages sur la langue et la littérature hébraïques. Tous les deux cependant comprirent que des livres isolés ne suffiraient pas pour commencer la réforme des études théologiques, et que des publications périodiques seraient un moyen d’action infiniment plus puissant. Ils fondèrent en 1831, à Andover, un recueil trimestriel sous le nom de American Biblical Repository. L’objet de cette revue était de faire connaître aux étudians des universités américaines les résultats les plus importans et les moins contestables de la critique germanique, et de suivre le mouvement des études théologiques dans le monde.

Longtemps l’American Biblical Repository fut rédigé presque entièrement par Robinson, et par Stuart, et comme ce recueil embrassait l’exégèse, la philologie et l’archéologie hébraïques, l’interprétation des livres saints et toutes les branches de l’érudition biblique, il imposa à ces deux savans hommes des efforts extraordinaires. Le résultat obtenu fut très grand. Le Biblical Repository pénétra dans toutes les écoles de théologie, et y détermina la rénovation de l’enseignement. La réputation du Repository ne demeura pas longtemps circonscrite dans les limites des États-Unis : elle s’étendit jusqu’en Europe. Après la publication des premiers numéros, un professeur de