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ÉTUDES
SUR
L’INDE ANCIENNE ET MODERNE

V.
LES HÉROS PIEUX. — LES PANDAVAS.

I. — la grande guerre.

Dans la première partie du Mahâbhârata, les fils de Pândou ont eu à subir les plus rudes épreuves[1]. Ruinés, proscrits et fugitifs, on pouvait croire qu’ils allaient disparaître de la scène du monde. Le moment arrive cependant où ils vont reprendre le premier rang et briller enfin d’un éclat impérissable. Cachés sous des déguisemens divers à la cour de Virâta, roi des Matsyens, ils y achèvent cet apprentissage du malheur qui forme les vrais héros.

Les fils de Dhritarâchtra, les Kourous, contraints d’abandonner les troupeaux qu’ils avaient enlevés, et repoussés par Ardjouna, qu’ils n’ont pu reconnaître, fuient devant le guerrier vainqueur, qui, pareil à Apollon, fait trembler la terre à chaque vibration de son arc. Lorsque l’armée ennemie a été mise en déroute, Ardjouna renoue ses longs cheveux et reprend les rênes du char : il n’est rien de plus qu’un eunuque du palais remplissant près du jeune prince Rhoûmimdjaya, fils du roi des Matsyens, l’office de cocher. Il lui suffit d’avoir battu ses implacables rivaux, d’avoir brisé d’un coup de

  1. Voyez la livraison du 15 avril.