Morris ne la suivirent pas. Plus tard, ils quittèrent leurs bivouacs, situés dans la plaine de Tundja, pour se loger dans la caserne, où ils passèrent l’hiver de 1855.
Le premier hôpital français établi à Constantinople fut celui de Maltépé, et les premiers malades reçus appartenaient à la 3e division, commandée par le prince Napoléon. Cette division avait quitté Gallipoli le 28 mai, et s’était rendue par terre à Constantinople en suivant le littoral de la mer de Marmara. A moitié chemin, les malades et les écloppés avaient été laissés à Rodosto, dans un hôpital improvisé de 250 lits, qui n’eut qu’une existence éphémère. On l’aurait conservé ainsi que les casernemens occupés en 1829 par les Russes victorieux, si le siège de Sébastopol n’eût été décidé. Le 7 juin, la 3e division fit son entrée à Constantinople, et alla bivouaquer dans la plaine de Daoud-Pacha, laissant dans l’esprit des Turcs une vive impression d’admiration et d’étonnement. Ils voyaient surtout avec surprise le costume oriental de nos zouaves, ce costume aboli chez eux par une réforme contre laquelle proteste seul le vieux parti ottoman, en conservant par une sorte de désobéissance tolérée l’ancien vêtement national,
Maltépé était un hôpital turc dont la moitié nous fut cédée le 7 juin pour l’ambulance de la 3e division, et la totalité quelques mois plus tard. A 1,800 mètres du château des Sept-Tours et des fortes murailles de Stamboul, du côté de l’ouest, apparaît, sous le poétique ciel de l’Orient, la silhouette de deux grandes casernes appelées Daoud-Pacha et Ramis-Tchiflik. Copiées sur celle d’Andrinople, elles se distinguent par une architecture dont l’élégance ne le cède pas à la solidité. Elles sont à 2 kilomètres de distance l’une de l’autre, sur des plateaux élevés, au milieu d’une immense plaine dépouillée d’arbres, mais couverte en été de riches moissons. Bâti entre les deux casernes, sur un monticule sans cesse ventilé par la brise de mer, Maltépé pouvait contenir 450 malades.
La 3e division fut passée en revue sur les hauteurs de la riche vallée des tombeaux d’Eyoub, en présence du sultan et de son brillant état-major. Le lendemain 18 juin, elle s’embarqua pour Varna; les ambulances suivirent ce mouvement, laissant leurs malades à Maltépé, où venaient d’arriver les soldats souffrans évacués de Rodosto. A partir de ce jour, on y installa un hôpital définitif, à la tête duquel le savant médecin principal, M. Durand, est resté pendant toute la campagne.
Les malades venus par mer étaient débarqués dans le fond de la Corne-d’Or; les convalescens allaient à pied, les autres étaient transportés sur des brancards, sur des cacolets, ou dans des voitures d’ambulance. Le chemin est très raide et d’une ascension pénible