voyait Shawshaw l’hirondelle et Wawa l’oie sauvage, qui envoyait les melons et le tabac, et les raisins en grappes pourprées. » Il était porté à l’amour, mais son tempérament et sa paresse lui défendant d’aimer activement, son amour se résolvait en rêverie et en contemplation. — Ainsi sont enveloppés dans de gracieuses allégories le rôle des forces naturelles et les phénomènes physiques familiers aux Indiens.
Mais le plus puissant des quatre vents du ciel était toujours Mudjeekewis, le vent de l’ouest; c’était aussi, si nous pouvons parler ainsi, le plus humain. Il n’était pas fait pour l’amour adolescent comme son fils Wabun, ni pour la rêverie paresseuse comme Shawondasa, ni pour la domination stérile comme Kabibonokka; il était fait pour l’activité, la lutte, la passion. Mudjeekewis est un héros et un conquérant. Il passe comme un tourbillon, enlève, séduit, et s’éloigne sans songer au mal qu’il a fait et aux ruines qu’il laisse derrière lui. La belle Wenonah fut sa victime. Wenonah était la fille de la vieille Nokomis, qui autrefois était tombée de la lune dans la prairie. Vainement Nokomis avait averti sa fille de se défier de Mudjeekewis. Wenonah négligea cet avertissement, et un soir que le vent de l’ouest passait légèrement sur la prairie, chuchotant à travers les feuilles, courbant les fleurs et le gazon, il trouva la belle Wenonah couchée parmi les lis. « Il la séduisit par ses caresses, il la séduisit par ses doux mots, » puis il s’éloigna et ne revint plus. Wenonah mourut de douleur en donnant le jour au héros Hiawatha, aussi vaillant et plus fidèle que son père, aussi doux et plus prudent que sa mère.
L’enfance du héros est décrite en vers charmans, qui ont toute la douceur d’une chanson de nourrice. La vieille Nokomis l’éleva sur les bords du Lac-Supérieur et lui fit un petit berceau en bois de tilleul, bien rembourré de mousse et de roseaux. Elle le berçait en chantant : « Ewa-Yea, ma petite chouette, qui est-ce qui éclaire le wigwam? Avec ses grands yeux, qui éclaire le wigwam, Ewa-Yea, ma petite chouette? » Et à mesure qu’il grandit, elle lui enseigna tout ce qu’elle savait d’astronomie fantastique et d’histoire naturelle légendaire. Cette éducation primitive, qui s’adresse à l’imagination seule et qui a été celle de tous les peuples à leur enfance, est poétiquement décrite par M. Longfellow. « Nokomis lui enseigna bien des choses sur les étoiles qui brillent au ciel, lui montra Ishkoodah la comète, Ishkoodah aux tresses enflammées; elle lui montra la danse de mort des esprits, les guerriers avec leurs plumes et leurs massues de guerre, fuyant vers le nord, et brillant comme une flamme pendant les nuits glacées de l’hiver; elle lui montra la large, blanche route du ciel, grand chemin des fantômes... Quand il voyait la lune