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LE PAYSAGE
ET
LES PAYSAGISTES

RUYSDAEL, CLAUDE LORRAIN, NICOLAS POUSSIN.



Michel-Ange disait que les peintres de figure n’avaient pas à se préoccuper du paysage, et qu’ils feraient des arbres et des montagnes dès qu’ils le voudraient. Il y a sans doute un peu d’exagération dans ces paroles ; cependant elles contiennent une part évidente de vérité. Les peintres qui ont appliqué leur intelligence à l’étude, à l’expression de la figure humaine, abordent sans effort la représentation du paysage, tandis que les paysagistes échoueraient neuf fois sur dix s’ils tentaient la représentation de la figure humaine. Comme les arts du dessin sont appelés vulgairement arts d’imitation, à l’exception de l’architecture, qui se dérobe à cette définition, il n’est pas sans intérêt d’étudier les artistes qui ont excellé dans le paysage. Ce sera la plus sûre manière de démontrer l’insuffisance de l’imitation. Cette question, traitée dans le domaine de la figure, laisse debout un grand nombre d’objections, car les partisans de l’imitation pure peuvent toujours dire que la volonté, l’imagination doivent intervenir dans la disposition des personnages, et n’ont rien à voir dans la représentation d’un chêne ou d’un orme. Il faut donc suivre les partisans de l’imitation littérale sur le terrain du paysage pour trancher la question d’une manière décisive. Au-