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aux arts et aux sciences une partie considérable de ses revenus. La description du château d’Hartwell a été donnée par l’amiral Smyth en un beau volume aussi instructif qu’intéressant. Le docteur Lee est un des membres les plus actifs de la Société astronomique anglaise, qui a tant fait et qui fait tant encore pour la science. C’est dans un de ses derniers bulletins que l’astronome royal M. Airy a donné cette belle dissertation sur les moyens de déterminer la distance du soleil par l’observation de Mars en 1860 et en 1862. Nous sortirons enfin, il faut l’espérer, de la honteuse ignorance qui pèse sur un des points les plus importans de notre système solaire, savoir la distance fondamentale de la terre au soleil, distance sur laquelle il y a encore une incertitude de cinq cent mille lieues de quatre kilomètres. Je ne tiens pas outre mesure à la vie, mais j’avoue que je serais contrarié de mourir avant d’avoir vu disparaître cette tache de la belle science du ciel. Il n’est pas douteux qu’en 1860 et en 1862 comme en 1761 et en 1769, les observateurs se répandront sur les stations les plus favorables de notre globe, et qu’enfin nous saurons ! Je regrette de ne pouvoir donner une idée du mémoire de M. Airy, ce que je ne ferais qu’au moyen de longs développemens dont les premières assertions seraient oubliées avant que les conséquences définitives en eussent été tirées. Sans doute, M. Piazzi Smyth sera des premiers à porter son expérience, sa précision et son activité sur un des points les plus avantageux. Nous devons à cet astronome des dessins de la lune à diverses phases d’illumination qui surpassent de beaucoup la représentation de nos terrains d’ici-bas. Tout le monde attend avec grande impatience la publication prochaine de ses travaux au pic de Ténériffe, où, dans le moins de temps possible, il a obtenu le maximum de résultats utiles et curieux. Des photographies innombrables et d’une perfection sans pareille ont apporté sous nos yeux les laves du volcan encore actif qui forme la charpente de l’île. Le fameux arbre-dragon, espèce qui appartient exclusivement aux Canaries, s’y montre avec son âge prétendu de cinq mille ans. S’il était vrai, ce serait le patriarche des êtres vivans de notre terre.

L’observatoire Dudley, récemment établi à Albany, capitale politique de l’état de New-York, et qui est sous la direction de M. Gould, a consacré sa première illustration par la découverte de la cinquième comète de cette année. J’ai déjà dit aux lecteurs de la Revue que la veuve d’un sénateur de New-York, Mme Blandina Dudley, avait, de concert avec d’autres patriotes d’Albany, fourni des sommes considérables pour la fondation de cet observatoire, auquel la reconnaissance publique a donné le nom de son mari. Dans notre France, où nous avons l’habitude de laisser à l’autorité l’initiative de toutes les créations utiles, et où aucun établissement n’est solide, que sous le patronage du gouvernement, nous ne nous figurons pas ce qu’en Angleterre et aux États-Unis on peut faire et on fait de grandes choses par des institutions privées munies d’une simple charte de reconnaissance légale. Des dons considérables ont été faits à l’observatoire d’Albany ; mais aucun n’égale ceux de Mme Dudley : elle a donné UIL héliomètre du prix de 8,000 dollars (plus de 40,000 francs), et lorsqu’à l’inauguration récente de l’observatoire, pour fonder un revenu fixe aux observateurs, on a demandé.