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chimiques et électriques tous les phénomènes qui se rattachent à la chaleur terrestre. L’école plutonienne, qui rend compte de ces phénomènes par l’incandescence du noyau de la terre, admettrait volontiers que la masse fluide dont les continens et le lit des mers ne sont en quelque sorte que l’épiderme solide contient elle-même toutes les substances que nous voyons se dégager des laves. Ainsi les élémens de l’eau seraient renfermés au sein même de la terre avec ceux de toutes les autres vapeurs qui sortent des volcans, et s’en échappent avec une telle violence, qu’ils rejettent les scories et les cendres à des hauteurs quelquefois effrayantes.

Suivant qu’on explique de l’une ou de l’autre manière les émanations volcaniques, on se trouve forcément entraîné à interpréter d’une façon opposée toute l’histoire géologique de la terre. On comprend dès lors quel intérêt s’attache à toutes les manifestations de la volcanicité terrestre, et pourquoi l’on ne saurait les étudier sur des points trop nombreux. Les renseignemens précieux que M. de Humboldt et après lui M. Boussingault nous ont fournis sur les volcans des Andes ont fait voir que, dans les différentes régions du globe, les phénomènes volcaniques présentent, avec un ensemble de caractères communs, des traits originaux. Il est une contrée où ils offrent une certaine ressemblance avec ceux qu’on observe dans les Andes, c’est l’île de Java ; mais tandis que les éruptions des volcans américains sont des catastrophes qui ne se renouvellent guère que de siècle en siècle, celles des volcans javanais sont si nombreuses et si rapprochées, qu’elles fournissent au géologue un constant sujet d’études. Malheureusement le nombre de ceux qui vont visiter les îles de la Sonde n’est guère plus nombreux que celui des hardis voyageurs qui se décident à gravir les cimes élevées des Cordillères. M. Léopold de Buch, dans son admirable Voyage aux îles Canaries, a rassemblé tous les renseignemens connus de son temps sur les diverses zones volcaniques du globe. Ceux qu’il a réunis relativement aux îles de la Sonde et à Java sont encore très incomplets. Le géologue allemand se borne à constater d’une manière générale que les volcans javanais ne donnent point de laves, et qu’il en sort fréquemment des torrens d’eau chaude et boueuse, avec d’immenses quantités de cendre. Il semble tout d’abord assez étonnant que les régions volcaniques de Java soient encore si peu connues, quand on considère que cette île est depuis très longtemps occupée par des Européens. Il y a quelques années seulement que les Hollandais ont entrepris l’exploration scientifique de leur belle et riche colonie. L’Europe dut le premier ouvrage important sur Java à sir Stamford Rallies, qui fut gouverneur de cette île pendant la courte période de la domination anglaise. En même temps qu’il faisait succéder les règles et les principes