règlement devait être faite à l’occasion des débats sur la liberté religieuse ; un député de la noblesse, M. Cederschjoeld, et un député des bourgeois, M. Lallerstedt, obtinrent que ces débats fussent portés devant l’assemblée générale des quatre ordres. Du reste, aux termes de la loi, c’était le débat seulement, et non le vote, qui appartenait à cette assemblée générale ; la délibération en commun une fois terminée, les ordres reprenaient leurs séances distinctes, délibéraient encore s’il y avait lieu, et ouvraient le scrutin. La discussion commune fut donc inaugurée le 19 octobre ; on pensait qu’elle ne durerait pas plus de cinq jours, et que le samedi 24 ou le lundi 26 les quatre ordres, rentrés dans leurs salles particulières, prononceraient la résolution définitive. Un incident vint tout arrêter, incident sans importance en lui-même, mais qu’on ne peut se dispenser de mentionner ici, car il montre bien quelles singularités féodales, quel respect superstitieux de la tradition entravent encore en Suède le régime parlementaire. Lorsque la diète, il y a quelques mois, autorisa les assemblées générales, elle décida que le président de l’ordre de la noblesse présiderait les quatre ordres réunis ; elle oublia seulement de prévoir le cas où ce président se trouvant malade ou empêché, il faudrait lui donner un remplaçant. Or le comte Hamilton, maréchal du pays (landtmarskalk), et à ce titre président perpétuel de l’ordre de la noblesse, tomba malade deux jours après l’ouverture des débats. Que faire ? Il semblait tout naturel que le membre le plus haut placé après le maréchal dans la hiérarchie aristocratique, celui qui est chargé de le suppléer dans l’assemblée particulière des nobles, le suppléât aussi dans l’assemblée des quatre ordres ; la loi cependant ne le disait pas d’une manière expresse, et par un respect judaïque du texte, on ajourna la discussion plutôt que d’interpréter le règlement. Heureusement l’interruption ne fut pas longue ; environ une semaine après, le comte Hamilton étant rétabli, les débats recommencèrent. Il est vrai qu’ils auraient pu être interrompus de nouveau ; le comte Hamilton éprouva une rechute. Étrange organisation parlementaire, d’après laquelle les plus grands intérêts sont ainsi exposés à être tenus en suspens ! Cette fois, grâce à Dieu, ce ne fut qu’une indisposition légère, et le maréchal se fit remplacer au fauteuil par M. le baron Akerhjelm. Rendons hommage au maréchal qui osa concevoir cette pensée hardie, et à la diète qui osa l’approuver. « Enfin, s’écria l’Aftonblad, nous voilà hors d’embarras ; ce précédent, dont nous prenons acte, pourra autoriser à l’avenir le remplacement du président, même pour un temps plus long. »
Dès les deux premiers jours, comme après la reprise des séances, la discussion fut vive et tumultueuse. Il n’y a pas de tribune à la diète de Stockholm, chacun parle de sa place, et il est rare que les débats y soient très animés. Cette fois, à voir l’émotion et la fougue des orateurs, à entendre ces invectives, ces accusations, dont quelques-unes remontaient jusqu’au roi lui-même, on eût dit en vérité que la patrie de Gustave-Adolphe était menacée par une invasion des missionnaires de Ferdinand II. Il y avait trois projets